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les deux armées étaient face à face sur le même champ de bataille. durant la nuit chaque partie chargea l'autre, les deux parties s'accusant mutuellement d'avoir ouvert les hostilités. le lecteur pourra lui-même déduire quelle est la partie à blâmer pour cette attaque nocturne, quelle partie essayait d'arriver à un arrangement pacifique pour éviter l'effusion de sang et laquelle mettait en échec ces tentatives de paix. les circonstances relatées ci-dessus sont assez claires pour éclairer et indiquer la vérité.


la bataille d'al-jamal (du chameau)

le lendemain matin, t6t, le vendredi 16 jamâdî ii de l'an 36 a.h. (nov. 656 a.j.c.), `Âyechah entra dans le champ de bataille, assise dans une litière sur son grand chameau, al-`askar. elle fit l'inspection de ses troupes, qu'elle animait par sa présence et par sa voix. dans l'histoire, cette bataille fut appelée "la bataille du chameau", en raison de la présence de la bête étrange sur laquelle était montée `Âyechah, et ce, bien qu'elle fût livrée à khoraybah, près de basrah. l'armée de `alî faisait face à l'ennemi en ordre de bataille, mais le calife avait ordonné à ses combattants de ne charger que si l'ennemi les attaquait le premier. en outre, il leur donna l'ordre strict de ne jamais achever un blessé, de ne jamais poursuivre un fuyard, de ne pas s'emparer de butin et de ne jamais violer une maison. et alors qu'une pluie de flèches lancées par l'ennemi tombait sur les troupes de `alî, celui-ci ordonna à ses soldats de ne pas rpondre au tir et d'attendre. "jusqu'au dernier moment `alî fit preuve d'une répugnance implacable à l'effusion du sang de musulmans, et juste avant la bataille il s'efforçait encore d'obtenir l'allégeance de l'adversaire par un appel solennel au coran. une personne, nommée muslim, s'avança alors immédiatement, levant un exemplaire du coran dans sa main droite. muslim se mit à fustiger l'ennemi pour l'amener à renoncer à ses desseins injustifiés. mais la main qui portait le livre sacré fut coupée par un soldat de l'armée ennemie. il porta alors le coran dans sa main gauche, mais celle-ci fut à son tour coupée par un autre cimeterre. l'homme ne fut pas pour autant découragé, et il serra le coran contre sa poitrine avec ses bras mutilés, continuant ses exhortations jusqu'à ce qu'il fût achevé par les sabres de l'ennemi. son corps fut par la suite récupéré par ses amis et des prières furent faites sur lui par `alî lui-même. le calife ramassa ensuite une poignée de sable, la lança en direction des insurgés, invoquant contre eux la vengeance de dieu. en même temps, l'impétuosité des hommes de `alî ne pouvait être retenue plus longtemps. tirant leurs sabres et pointant leurs lances, ils se lancèrent vaillamment dans le combat qui fut livré de tous c6tés avec une férocité et une animosité extraordinaires" (price's mohd. his., cité par s. ockley, p. 308).


le sort de talhah

alors que la bataille faisait rage et que la victoire commençait à pencher du c6té de `alî, marwân ibn al-hakm (le secrétaire particulier du précédent calife, `othmân), l'un des officiers de l'armée de `Âyechah, remarqua que talhah incitait ses troupes à se battre vaillamment. "voyez ce traître ! dit-il à son serviteur. tout récemment encore, il était l'un des assassins du vieux calife. et le voilà qui prétend être le vengeur de son sang. quelle plaisanterie !" ce disant, il tira dans un accès de haine et de furie une flèche qui perça sa jambe droite et la traversa pour toucher son cheval qui se cabra et jeta le cavalier par terre. en ce moment d'angoisse, talhah s'écria : "Ô mon dieu ! venge `othmân sur moi selon ta volonté", avant d'appeler au secours. constatant que ses chaussures ruisselaient de sang, il demanda à l'un de ses hommes de le ramasser, de le faire monter sur son cheval, derrière lui, et de le convoyer à basrah. et sentant sa fin proche, il appela l'un des hommes de `alî qui se trouvait là par hasard : "donne-moi ta main, dit le mourant repentant, afin que j'y pose la mienne en guise de renouvellement de mon serment d'allégeance à `alî". talhah rendit son dernier soupir en prononçant ces mots de repentir. lorsque `alî entendit le récit de sa mort, son cœur généreux fut touché, et il dit : "allâh ne voulait pas l'appeler au ciel avant d'effacer sa première violation de serment par ce dernier serment de fidélité". le fils de talhah, mohammad, fut lui aussi tué dans cette bataille.


le sort de zubayr

les remords et la componction avaient envahi le cœur de zubayr après avoir écouté le rappel par `alî de la prédiction du prophète. i1 ne fait pas de doute qu'il avait participé à la bataille sur l'instance de `Âyechah et de son fils et à contre-coeur. par la suite, il avait vu `ammâr ibn yâcir, le vénérable et vieux compagnon du prophète, connu pour sa probité et son intégrité, être un général dans l'armée de `alî. il s'était rappelé alors avoir entendu de la bouche du prophète que `ammâr serait toujours du côté des partisans de la justice et du bon droit et qu'il tomberait sous les sabres de mauvais rebelles. tout avait semblé donc être de mauvais augure pour participer à cette bataille. aussi se retira-t-il du champ de bataille et prit-il le chemin de la mecque tout seul. lorsqu'il arriva à la vallée traversée par le ruisseau de saba, où ahnaf ibn qays avait campé avec une horde d'arabes dans l'attente de l'issue du combat, il fut reconnu de loin par ahnaf. "personne ne peut-il m'apporter des nouvelles de zubayr ?" dit-il à l'adresse de ses hommes. l'un de ceux-ci, `amr ibn jarmuz, comprit l'insinuation et se mit en route. zubayr voyant cet homme s'approcher, le soupçonna de mauvaises intentions à son égard. aussi lui ordonna-t-il de rester à distance. mais après avoir échangé quelques paroles, ils devinrent amis et tous deux descendirent de leurs chevaux pour faire la prière, étant donné qu'il en était l'heure. losque zubayr se prosterna en accomplissant sa prière, `amr saisit l'occasion et coupa sa tête avec son cimeterre. i1 apporta sa tête à `alî qui pleura à la vue de cette tête. car il s'agissait de la tête de quelqu'un qui avait été son ami. se tournant vers l'homme qui lui avait apporté ce cadeau macabre, il s'écria, indigné : "va-t-en maudit. apporte tes nouvelles à ibn safiyah en enfer". cette malédiction inattendue enragea le misérable qui s'attendait plutôt à une récompense, et il proféra une bordée d'injures à l'adresse de `alî. puis, dans un accès de désespoir, il dégaina son sabre et l'enfonça dans son propre cœur.

la défaite de `Âyechah

tel fut donc le sort des deux grands dirigeants des rebelles. quant à `Âyechah, l'implacable âme de la révolte, la femme de guerre, elle continua à hurler inlassablement de sa voix stridente : "tuez les assassins de `othmân", incitant ses hommes à se battre. mais les troupes, privées de leurs dirigeants, s'étaient senties déjà démoralisées et avaient commencé à retourner à la ville. toutefois, voyant que `Âyechah était en danger, ses partisans arrêtèrent leur fuite et revinrent à son secours. se rassemblant autour de son chameau, ils essayèrent l'un après l'autre d'en saisir la bride et de prendre l'etendard, mais ils furent abattus à tour de r6le. ainsi soixante-dix hommes périrent par la bride de cet animal maudit. la litière de `Âyechah, en tôle d'acier et construite comme une cage, était hérissée de dards et de flèches, et sur la bosse de l'énorme bête, elle ressemblait à un hérisson effrayant et en colère. "convaincu que la bataille ne pourrait être interrompue aussi longtemps que le chameau continuerait à s'amuser de la sorte avec les défenseurs de `Âyechah, `alî exprima aux hommes qui 1`entouraient son désir de les voir s'efforcer de terrasser l'animal. après plusieurs assauts désespérants, mâlik al-achtar réussit enfin à forcer un passage et à casser l'une des pattes du chameau. mais malgré cela, l'animal resta debout et impassible, et persévéra dans son attitude. une autre patte fut brisée, mais sans résultat. mâlik al-achtar, étonné et terrifié par le comportement du chameau ne savait pas s'il devait continuer ou non. `alî s'approcha et lui demanda de frapper sans hésitation même si l'animal paraissait bénéficier du soutien d'un agent surnaturel. stimulé, mâlik frappa la troisième patte et l'animal fut immédiatement terrassé. la litière de `Âyechah étant maintenant à terre, `alî ordonna à mohammad, fils d'abû bakr, de se charger de sa soeur et de la protéger des flèches qui continuaient à tomber de partout. mohammad s'exécuta s'approcha de la litière, et y introduisant sa main qui toucha par hasard celle de `Âyechah, il entendit cette dernière l'accabler d'insultes et crier, interrogative, quel vaurien osait toucher sa main que personne d'autre que le prophète n'avait l'autorisation de toucher. mohammad répondit que bien que cette main fût celle de la personne la plus proche d'elle par le sang, elle était aussi celle de son pire ennemi. reconnaissant alors la voix bien connue de son frère, `Âyechah se défit rapidement de ses appréhensions" (price's his., cité par s. ockley, p. 310).


la magnanimité de `alî envers l'ennemi

" `Âyechah pouvait s'attendre logiquement à un traitement sévère de la part de `alî, étant donné qu'elle était son ennemie vindicative et acharnée, mais `alî était trop magnanime pour se venger d'un adversaire vaincu" (w. irving's succ. of mohd., p.179). une fois que toutes les confusions liées à la bataille se furent estompées, `alî vint voir `Âyechah et lui demanda comment elle allait. ayant constaté qu'elle allait bien et qu'elle avait été sauvée sans subir aucun mal, il lui dit sur un ton de reproche : "le prophète aurait-il accepté que tu agisses ainsi ?" elle répondit : "tu es victorieux. sois donc bon envers ton adversaire vaincu". `alî ne lui fit plus de reproches et ordonna à son frère mohammad d'emmener sa sœur à la maison de `abdullâh ibn khalaf, un khozâ`ite, notable citoyen de basrah, tué alors qu'il combattait pour `Âyechah. celle-ci demanda à son frère de chercher les traces de `abdullâh, fils de zubayr, qu'on trouvera par la suite, blessé, parmi les morts et les blessés qui jonchaient le champ de bataille. selon le désir de `Âyechah il fut amené devant `alî pour obtenir son pardon. le très généreux vainqueur promulgua alors avec magnanimité une amnistie générale pour tous les rebelles et leurs alliés, y compris `abdullâh ibn zubayr. malgré toutes ces mesures de clémence, marwân et les omayyades s'enfuirent chez mu`âwiyeh en syrie, ou à la mecque.


le carnage dans la bataille

les pertes dans cette bataille furent très lourdes. certains historiens avancent le chiffre de seize mille sept cent quatre-vingt-seize tués parmi les hommes de `Âyechah et de mille soixante-dix parmi ceux de `alî. d'autres parlent de dix mille tués parmi les partisans de `Âyechah et cinq mille parmi ceux de `alî. en tout état de cause, les cadavres jonchaient le champ de bataille. une fosse fut creusée dans laquelle furent enterrés sur ordre du calife aussi bien les partisans que les adversaires tués dans les combats.


la retraite de `Âyechah

lorsque le calme fut revenu, `alî envoya `abdullâh ibn `abbâs pour demander à `Âyechah de partir pour médine, mais elle déclina l'offre, insistant sur le fait qu'elle ne voulait pas aller dans un endroit où il y avait des hâchimites. quelques propos de reproches furent échangés entre l'émissaire de `alî et `Âyechah, et le premier revint auprès du calife pour lui signifier son refus. mâlik al-achtar fut envoyé alors avec la même mission, mais il échoua lui aussi dans sa tentative de la persuader d'accepter l'offre du calife. puis `alî lui-même alla la voir et lui dit qu'elle avait le devoir de rester tranquille à sa maison où elle devait aller maintenant afin de retrouver le gîte dans lequel le prophète l'avait laissée, et d'oublier le passé. "que dieu te pardonne, ajouta-t-il, pour ce que tu as fait, et qu'il te couvre de sa clémence". mais `Âyechah ne prta pas attention à la parole de `alî. ce dernier lui envoya enfin, son fils al-hassan pour l'avertir que si elle persistait dans son refus de regagner son foyer à médine, elle serait traitée de la façon qu'elle connaissait bien. lorsqu'al-hassan arriva, elle était en train de se coiffer, mais ayant entendu le message, elle fut si embarrassée qu'elle laissa ses cheveux à moitié coiffés, se leva tout de suite et donna l'ordre de se préparer immédiatement en vue de voyager. après le départ d'al-hassan les dames de la maison lui demandèrent ce que ce garçon avait de particulier qui l'avait mise si mal à l'aise alors qu'elle n'avait pas hésité auparavant à repousser la proposition de ibn `abbâs, mâlik al-achtar et même de `alî lui-même. `Âyechah raconta alors comment le prophète avait donné à `alî le pouvoir de prononcer lui-même le divorce des femmes du prophète aussi bien de son vivant qu'après sa mort. "al-hassan, dit-elle, était porteur de ce message d'avertissement de `alî qui lui faisait valoir son autorité, ce qui l'avait mise si mal à l'aise. `alî fit alors les arrangements convenables pour le voyage de `Âyechah et ordonna à ses deux fils, al-hassan et al-hussayn, de l'escorter pendant une étape, et il l'accompagna lui-même jusqu'à une certaine distance. "sur ordre de `alî, `Âyechah fut escortée par une suite de femmes (quarante ou soixante-dix), déguisées en hommes, dont l'approche familière fit l'objet de plaintes constantes. mais une fois arrivée à médine, `Âyechah découvrit la délicatesse de la ruse et devint aussi généreuse, dans sa reconnaissance, qu'elle l'avait été auparavant dans ses reproches" (price's mohd. his., his., cité par s. ockley, p. 310).


les butins de guerre

comme il a été mentionné plus haut, `alî avait interdit à ses armées tout pillage. "ainsi, les ordres de `alî concernant l'interdiction du pillage avaient été respectés avec un tel scrupule que tout ce qu'on avait trouvé sur le champ de bataille ou dans le camp de l'ennemi fut rassemblé dans la grande mosquée, de sorte que chacun pouvait réclamer la restitution de son bien. aux mécontents qui se plaignaient de n'avoir pas la permission de puiser dans le butin, `alî répondit que les droits de la guerre avaient duré aussi longtemps que les rangs étaient en ordre de bataille, les uns face aux autres, et que tout de suite après leur soumission, les insurgés avaient recouvré leurs droits et privilèges de frères musulmans. une fois entré dans la ville, il divisa le contenu du trésor parmi les troupes qui avaient combattu pour lui, tout en leur promettant une récompense encore plus grande lorsque dieu aurait fait délivrer la syrie" (muir's annals, p. 366).


le transfert du siège du gouvernement

le séjour de `alî à basrah ne dura pas longtemps. après avoir nommé `abdullâh ibn `abbâs gouverneur de cette ville. le calife repartit pour kûfa au mois de rajab de l'an 36 a.h. craignant les mauvais desseins de mu`âwiyeh à son égard, le calife considéra kûfa comme un lieu bien situé pour faire face à toute attaque contre la région de l'irak ou de la mésopotamie. peut-être aussi en reconnaissance de l'assistance qu'il avait reçue de la part des irakiens, il estima bon de transférer de médine à kûfa le siège de son gouvernement. i1 fit ainsi de cette ville le centre de l'islam et la capitale de l'empire, et c'était d'autant plus à bon escient que kûfa était géographiquement au centre de ses provinces.


la zone de domination de `alî

la conspiration de `Âyechah, talhah et zubayr ayant fait long feu sur le champ de bataille de khoraybah, `alî jouit d'une victoire qui lui assurait désormais une domination totale sur un territoire s'étendant du khorâsân à l'est à l'egypte à l'ouest, à l'exception des provinces situées au nord-ouest de l'arabie, lesquelles étaient sous l'influence du gouverneur de syrie, mu`âwiyeh.


les activités préliminaires de mu`âwiyeh

nous avons déjà noté que pendant son séjour à médine, à l'occasion de sa visite au calife `othmân, mu`âwiyeh avait demandé un jour à ka`b al-ahbar de prédire comment les troubles actuels contre `othmân se termineraient. ka`b avait prédit que `othmân serait assassiné et qu'après une longue course la mule grise (c'est-à-dire mu`âwiyeh) réussirait à s'emparer du pouvoir. confiant dans cette prédiction, mu`âwiyeh cherchait les occasions susceptibles de le mener à l'autorité suprême et n'omettait jamais de faire le nécessaire pour réaliser cet objectif qu'il ne perdra jamais de vue dans toutes les actions qu'il entreprendra. et c'est par rapport à cet objectif qu'il faut comprendre pourquoi mu`âwiyeh ne s'était pas empressé d'envoyer le secours demandé par `othmân lorsque celui-ci avait été assiégé, pourquoi, une fois `othmân assassiné, il s'était attaché à inciter les syriens à venger son sang en exhibant du haut de sa chaire la chemise ensanglantée du calife assassinée, pourquoi il avait retenu pendant longtemps le messager de `alî et évité de donner une réponse définitive à sa demande de lui faire son allégeance, espérant ainsi que l'esprit de révolte ne tarderait pas à se répandre parmi les syriens, pourquoi il avait rassemblé autour de lui tous les notables en disgrâce, tels que `obaydullâh (le fils du calife `omar, le meurtrier qui avait fui, de peur d'être traduit en justice devant `alî), `abdullâh ibn abî sarh (l'ex gouverneur d'egypte, qui avait été révoqué lorsque `alî avait accédé au califat), marwân (le secrétaire et le mauvais génie du calife `othmân), ainsi que presque tous les proches partisans de ce calife, et les omayyades qui avaient fui chez lui après la défaite de `Âyechah à basrah, pourquoi il s'était assuré l'alliance de `amr ibn al-`Âç, le conquérant de l'egypte et l'ex gouvemeur de ce pays, maintenant résidant en palestine en tant que propriétaire, mais aussi en tant que contestataire (ayant obtenu l'assurance de mu`âwiyeh de reprendre son poste de gouverneur de ce pays en contrepartie de sa coopération en vue de la déposition de `alî, il prêta serment d'allégeance à mu`âwiyeh, le reconnaissant comme le calife légal en présence de toute l'armée, laquelle lui emboîta le pas, et fut suivie par le grand public de la syrie, qui se joignit à cette cérémonie d'acclamation), pourquoi il avait cherché l'allégeance de nombreux compagnons distingués du prophète, tels que sa`d ibn abî waqqâç, `abdullâh ibn `omar, osâmah ibn zayd, mohammad ibn maslamah qui s'étaient fait remarquer par leur non-prestation de serment d'allégeance à `alî lors de l'inauguration de son califat, mais qui avaient rejeté également la sollicitation de mu`âwiyeh et lui avaient écrit des lettres de reproches, choisissant ainsi, de rester à l'écart des deux parties (à cette époque, abû horayrah, abû al-dardâ', abû osâmah al-bâhilî et no`mân ibn bachîr al-ançârî étaint les seuls compagnons du prophète en service auprès de la cour de mu`âwiyeh), pourquoi, étant pendant plus de vingt ans le gouverneur de cette riche province de syrie et ayant adopté une politique clairvoyante depuis le tout début, comme nous l'avons déjà noté, il avait amassé un immense trésor et préparé une puissante armée qui lui était totalement inféodée. maintenant, les préjugés tendant à impliquer `alî dans l'assassinat de `othmân, qu'il avait inculqués perfidement aux syriens en général et à l'armée en particulier, militaient en sa faveur. la chemise tachée du sang de `othmân pendait encore sur la chaire dans la grande mosquée de damas, et les gens, enflammés par la vue de cet objet macabre, sanglotaient à chaudes larmes et criaient vengeance contre les meurtriers et leurs protecteurs. tel était le terrible adversaire à qui `alî avait affaire après en avoir fini avec `Âyechah, talhah et zubayr.

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