en effet, la philosophie occidentale a depuis longtemps dévalorisé l'homme. ce qu'on disait jadis dans les pays orientaux à propos de la position distinguée de l'homme, fait l'objet de raillerie et de mépris dans la plupart des philosophies occidentales.
l'homme est rabaissé, dans l'optique occidentale, au niveau de la machine, son âme et son originalité reniées, la croyance selon laquelle la nature a une finalité est considérée comme une idée réactionnaire.
maintenant, personne en occident ne peut dire que l'homme est le centre de l'univers, car selon une théorie européenne courante, croire à cette idée et à celle qui affirme que les autres êtres sont des instruments au service de l'homme, c'est croire à lancienne doctrine désuette de lastronomie ptolémaïque selon laquelle la terre serait le centre de l'univers et les autres planètes tourneraient autour d'elle. et étant donné que cette doctrine est tombée dans les oubliettes de l'histoire, l'idée qui fait selon laquelle l'homme serait le plus noble des êtres est tombée par conséquent en désuétude elle aussi. selon l'occident : «cette idée n'était que le résultat de ladmiration de l'homme du passé pour lui-même, et l'homme contemporain ne se considère pas comme étant supérieur aux autres êtres vivants. sa vie est uniquement physique, et après sa mort se décompose, et c'est la fin de tout pour lui.»
les occidentaux ne croient pas que l'âme a une existence indépendante, et ne se considèrent pas comme étant différents daucune manière, d'une plante ou d'un animal. selon eux, il n'y a pas de différence essentielle entre la nature des facultés intellectuelles et spirituelles de l'homme, et la nature de la chaleur émanant du charbon. pour eux : «tout ceci n'est que des manifestations diverses de l'énergie et de la matière. la vie pour tous les êtres, y compris l'homme, est champ de lutte constant pour la survie.» tel est, pour eux, le principe fondamental de la vie. l'homme s'est efforcé toujours de sortir victorieux de ce combat pour la survie, et pour sauvegarder sa position, il a inventé des règles morales telles que la justice, la vertu, la coopération, la sincérité.
du point de vue de certaines puissantes écoles de pensée européennes, «l'homme n'est qu'une machine qui fonctionne uniquement par les motivations de gains économiques. la religion, la morale, la philosophie, la science, la littérature et les arts sont des superstructures dont l'infrastructure est le mode de production et de distribution de la richesse, qui détermine tous les aspects de la vie humaine.»
bien plus, certains penseurs occidentaux sont davis que les facteurs sexuels sont la vraie force motrice de toutes les activités humaines. la moralité, la philosophie, la science, la religion et les arts ne seraient que des aspects agréables du facteur sexuel.
comment pourrions-nous parler de la dignité humaine et des droits inaliénables, et les considérer comme la base de nos actions, si nous niions que la nature a un but final, si nous pensions que la lutte pour la survie du plus fort est la seule loi qui régisse la vie, si nous croyions que l'homme est une simple machine, identique à un appareil fabriqué par des mains humaines, si nous soutenions que l'âme na pas d'existence, si nous estimions que la force motrice de toutes les activités humaines consiste soit en des facteurs sexuels, soit des facteurs économiques, si nous arguions que le bien et le mal ne sont que des conceptions relatives, si nous étions davis que les inspirations naturelles et intuitives seraient des absurdités, et enfin si nous disions que l'homme serait l'esclave de ses désirs et passions et qu'il ne se soumettrait qu'à la force, etc.
la vision occidentale de l'homme est en contradiction avec la dignité humaine sur tous les plans -sur le plan des causes qui l'ont amené à l'existence, sur le plan du but pour lequel il a été créé, sur le plan de sa structure, sur le plan de ses motivations et sur le plan de sa conscience.
mais, malgré tout cela, les pays européens ont proclamé une très sérieuse déclaration sur la position et la dignité humaines et sur les droits sacrés et inaliénables de l'homme, et ont invité l'humanité à lappliquer ! mais avant d'élaborer cette sérieuse déclaration sur les droits naturels et sacrés de l'homme, l'occident ne devrait-il pas revoir son interprétation de l'homme ?
nous admettons que tous les philosophes occidentaux n'expriment pas les mêmes vues. beaucoup d'entre eux pensent comme nous en orient, sur ce sujet. et nous croyons que le courant de pensée qui prévalait dans la plupart des milieux occidentaux a influencé le reste du monde.
la déclaration des droits de l'homme aurait dû être élaborée par ceux qui
considèrent l'être humain comme étant plus élevé qu'un robot, qui pensent que
ses motivations ne se limitent pas à ses instincts personnels et animaux, et qui
ont foi dans la conscience humaine. la déclaration des droits de l'homme aurait
dû être élaborée par les peuples orientaux qui croient que l'homme est le
lieutenant dallah sur terre. le saint coran dit : «je vais établir un lieutenant
sur la terre.» (sourate al-baqarah, 2 : 30). seuls ceux qui croient que l'homme
a un but et une destination peuvent parler des droits de l'homme.
le coran
dit encore : «o les hommes ! vous marchez vers allah, et vous êtes donc appelés
certainement à le rencontrer.»
(sourate al-inchiqâq, 84 : 6)
la déclaration des droits de l'homme sied aux systèmes qui croient que
l'homme a une inclination naturelle pour la vertu :
«par l'âme et celui qui
la perfectionnée et lui a inspiré la connaissance du mal et du bien.» (sourate
al-chams, 91 : 7-8)
la déclaration des droits de l'homme aurait dû être élaborée par ceux qui
sont optimistes pour la nature humaine :
«nous avons créé l'homme selon les
proportions les plus parfaites.» (sourate al-tîn, 95 : 4)
la déclaration des droits de l'homme ne sied pas au mode de pensée occidental dominant. ce qui sied vraiment à ce mode de pensée, c'est ce que l'occident fait effectivement lorsqu'il assassine les sentiments humains, se moque des privilèges des êtres humains, préfère le capital à l'homme, fait passer largent avant l'homme, adore l'outil, divinise la richesse, exploite l'homme, laisse au capitalisme un pouvoir illimité, au point que lorsqu'un millionnaire lègue dans son testament sa fortune à son chien bien-aimé, celui-ci devient l'objet d'un respect qui dépasse celui auquel l'homme a droit, et les gens rivalisent pour travailler au service de ce chien, comme esclave, secrétaire ou directeur de bureau, et sagenouillent devant lui en signe de respect et de révérence !
selon les termes du coran, la question sociale la plus importante de nos jours est que l'homme s'est oublié lui-même. il ne s'est pas seulement oublié lui-même, mais il a oublié également son dieu. il a focalisé son attention sur le monde matériel, et a totalement oublié l'introspection. il pense qu'il a perdu son âme. cette façon de penser est la plus désastreuse pour l'homme et pourrait ruiner complètement l'humanité. la civilisation moderne peut produire n'importe quoi de premier degré, mais elle ne peut produire un vrai homme.
ghandi a dit : «l'européen mérite d'être appelé le seigneur de la terre, car il possède toutes les ressources terrestres et peut faire des choses qui, selon la croyance dautres nations, ne peuvent être faites que par dieu. mais il y a une seule chose que l'européen ne sait pas faire, c'est l'introspection. et ceci est suffisant pour établir la futilité de l'éclat brillant de la civilisation moderne. la civilisation occidentale incite les occidentaux à lalcool et au sexe afin qu'ils s'oublient au lieu de se rechercher. les capacités scientifiques de l'homme occidental, dans le domaine de la découverte et de l'invention des armes et des équipements militaires, ne sont qu'une manifestation de la fuite de soi, et non point une manifestation de la recherche de soi. la peur de la solitude, et la recherche de largent, ont rendu l'occidental incapable d'écouter la voix de sa conscience. c'est son incapacité à se contrôler qui la poussé à contrôler le monde, à propager la perversion et les troubles dans les quatre coins du monde. mais à quoi sert de conquérir le monde et de se perdre soi-même. les evangiles ont ordonné à leurs adeptes d'être des missionnaires ayant pour charge de propager la vérité, lamour et la paix à travers le monde, mais les occidentaux se sont répandus partout en vue de chercher l'or, les esclaves et les intérêts personnels. au lieu de chercher le pardon et la justice dans le royaume dallah, comme les y invitent les evangiles, ils ont utilisé leur religion seulement pour se racheter de leurs péchés, et au lieu de diffuser la parole de dieu, ils se sont ingéniés à lancer leurs bombes sur les têtes des peuples.»
c'est pourquoi nous pensons que le premier à avoir violé la déclaration des
droits de l'homme, c'est l'occident lui-même. la philosophie quadopte l'occident
dans sa vie pratique ne peut que conduire à la violation de la charte des droits
de l'homme.
l'islam et les philosophies orientales adhèrent à cet esprit. ce qui est inconsistant dans le fondement de la déclaration, c'est la façon dont les divers systèmes philosophiques occidentaux interprètent l'origine et la nature de l'homme.
il est évident que la seule source autorisée pour faire connaître les droits de l'homme est le grand et précieux livre de la nature elle-même. c'est seulement en se référant aux pages de ce grand livre que l'on peut découvrir les droits qui sont réellement communs à toute l'humanité, et constater quels sont les droits comparés réciproques de l'homme et de la femme.
il est étonnant que certains esprits légers et simples, refusent obstinément de reconnaître cette grande source. pour eux, la seule source habilitée pour traiter de ce sujet est ce petit groupe de gens qui ont eu leur mot à dire dans l'élaboration de la déclaration des droits de l'homme, et qui gouvernent aujourd'hui le monde entier. bien qu'ils ne respectent pas, sur le plan pratique, les clauses de cette déclaration, ils ne permettent à personne d'y objecter. mais nous, au nom de ces mêmes droits humains, croyons que nous avons le droit à l'objection, et affirmons que la seule source compétente dans ce domaine est la nature elle-même, qu'on peut considérer comme un livre divin.
nous nous excusons auprès des lecteurs pour avoir soulevé des questions un peu philosophiques et apparemment sèches, et susceptibles même d'ennuyer certains d'entre eux. nous avons essayé d'éviter autant que faire se peut de tels points, mais le sujet des droits de la femme leur est si étroitement lié qu'il n'est pas possible de ne pas les aborder.
dans notre optique, les droits naturels et innés émanent des prédispositions que la force créatrice a injectées dans les êtres et qu'elle utilise pour diriger ces êtres vers la perfection qu'elle veut qu'ils atteignent.
chaque prédisposition ou, capacité naturelle, est la base d'un droit naturel, et en même temps une autorité naturelle pour lapplication de ce droit. par exemple, chaque enfant humain a le droit dapprendre et daller à l'école, alors qu'un agneau na pas de tels droits. pourquoi ?
parce qu'un enfant a la capacité dapprendre et de développer son esprit, alors que lagneau en est privé. la force créatrice a déposé une autorité naturelle ou un mandat naturel pour ce droit dans la structure de l'homme, et non pas dans celle du mouton. il en va de même pour le cas du droit de penser, de voter et davoir une libre volonté.
daucuns pensent que la théorie des droits naturels, et l'idée selon laquelle la nature a accordé à l'être humain des droits spéciaux, sont des paroles creuses et insensées qu'il faut chasser de l'esprit, et qu'il n'y a en fait aucune différence de droits entre les êtres humains et non-humains.
evidemment, cette vue ne correspond pas à la réalité, car les capacités naturelles chez les humains et les non-humains sont différents, et la force créatrice a mis chaque espèce d'êtres dans une orbite qui lui est particulière, et a limité le bonheur de toute cette espèce à son mouvement à l'intérieur de son orbite naturelle. en agissant ainsi, la force créatrice a agi selon un but précis et elle na pas confié ces mandats aux êtres fortuitement et absurdement.
le fondement et la racine des droits familiaux -comme des autres droits naturels- que nous abordons maintenant doivent être soumis à vérification. c'est à partir des prédispositions, ou des capacités, que la force créatrice a déposées dans la structure de l'homme et celle de la femme, que nous pouvons comprendre si l'homme et la femme possèdent des droits et des devoirs similaires. il est à rappeler ici, que le sujet de notre exposé maintenant est la "similarité des droits" de la femme et de l'homme dans la famille, et non pas "l'égalité de leurs droits".
la position des êtres humains, en ce qui concerne leurs droits sociaux autres que les droits familiaux, n'est pas toujours la même. dans certains cas, ils jouissent de droits similaires, dans dautres, dissemblables mais égaux. dans la société élémentaire, les droits sont communs à tout le monde. chaque homme ou chaque femme a le droit, par exemple, d'utiliser ses talents, de travailler, de participer à la compétition de la vie, d'être candidat à un poste social et de l'obtenir par des moyens légaux, et de montrer ses mérites pratiques et intellectuels.
mais cette même égalité pour tous en matière de droits élémentaires, les met dans une position inégale concernant les droits acquis. certes, chacun a le droit de travailler et de participer à la compétition de la vie, mais lorsqu'il sagit daccomplir effectivement le travail, tout le monde n'obtient pas le même résultat ni ne réalise la même performance. les uns montrent plus de capacités, dautres moins. de même, les uns savèrent plus efficaces, les autres moins. c'est dire que certains font preuve de plus de connaissances, sont plus compétents, plus efficaces et plus aptes que dautres. naturellement, leurs droits acquis ne peuvent pas être similaires. donc, essayer de faire en sorte que leurs droits acquis soient semblables à leurs droits élémentaires, serait une injustice criarde.
voyons maintenant pourquoi tous les individus jouissent de droits naturels élémentaires égaux et similaires ?
l'étude des états des êtres humains montre que personne na été créé, à l'origine, administrateur ou administré. personne na été créé pour être ouvrier, artisan, professeur, instituteur, officier, soldat ou ministre. ces qualifications ne sont que des particularités qui font partie des droits acquis, c'est-à-dire que les individus les acquièrent dans la société grâce à leurs aptitudes, leurs dispositions, leurs activités et leurs efforts, et la société accorde ces fonctions selon une loi contractuelle. la vie sociale de l'homme ne diffère de la vie sociale des animaux sociaux, tels que les abeilles et les fourmis, que dans cet aspect. en effet, les divisions du travail chez ces animaux sont à cent pour cent naturelles. c'est la nature qui a divisé le travail entre eux, et fixé le rang de chacun d'eux, sans que ceux-ci y jouent aucun rôle. le chef, dans une société dabeilles, est chef naturellement, et les administrés sont des administrés naturellement, l'ouvrier, l'ingénieur et le contrôleur sont créés tous en tant que tels. en revanche, dans la vie sociale de l'homme, il n'en va pas de même. c'est pourquoi certains savants ont nié catégoriquement lancienne théorie philosophique qui disait que "l'homme est naturellement social", et ont émis l'hypothèse que la société humaine est contractuelle à cent pour cent.
nous venons daborder jusque là la question des droits des individus dans la société non familiale. quelle est donc la position de l'individu dans la société familiale ? est-ce que les membres d'une même famille sont, eux aussi, semblables dans les droits naturels, et dissemblables dans les droits acquis ? ou bien la société familiale, c'est-à-dire une société composée du mari, de la femme, du père et de la mère, des frères et des surs, diffère-t-elle de la société non familiale dans les droits naturels, et y a-t-il une loi naturelle concernant les droits familiaux ?