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c'est cette objection que l'on soulève le plus souvent et sur laquelle on insiste le plus. or, avec l'explication que nous y avons déjà donné, nous espérons qu'elle perd sa raison d'être. en effet, nous avons déjà expliqué que l'une des différences entre le mariage temporaire et le mariage à durée déterminée, est que ce dernier est institué pour les couples qui ne sont pas prêts à faire des enfants.

dans un mariage permanent, aucun des deux époux ne peut fuir la responsabilité de la mise d'enfants au monde, alors que dans le mariage à durée déterminée les deux conjoints sont libres à ce sujet. la femme na évidemment pas le droit d'empêcher son mari de jouir d'elle sexuellement, mais elle peut prendre toutes les précautions pour prévenir tous risques de grossesse. dailleurs, ce problème est tout à fait résolu avec le développement des méthodes contraceptives modernes.

ainsi, dans le mariage à durée déterminée, si le mari et la femme sont tous deux disposés à avoir des enfants ils le peuvent, à condition daccepter la respon- sabilité de les élever. il est évident que sur le plan de laffection naturelle, il n'y a pas de différence entre un enfant né d'une mère mariée d'un mariage permanent, et un autre, né d'une femme mariée temporairement. si le père ou la mère omet de sacquitter de son devoir envers l'enfant, il appartient à la loi de l'obliger à assumer ses responsabilités, exactement comme elle le fait lorsqu'elle intervient en cas d'un divorce. si le mari et la femme ne désirent pas avoir d'enfants, et qu'ils veulent seulement satisfaire leur besoin sexuel à travers le mariage temporaire, ils doivent éviter d'en concevoir.

comme nous le savons, l'eglise considère la contraception comme une pratique interdite. mais selon la loi islamique la femme et le mari peuvent recourir à des méthodes contraceptives. toutefois, une fois l'embryon est formé, il n'est pas permis de le détruire ou de l'enlever.

c'est ce que les juristes chiites veulent dire lorsqu'ils indiquent que le but du mariage permanent est lacceptation de la responsabilité d'élever des enfants, alors que celui du mariage temporaire est la satisfaction d'un besoin sexuel naturel.


le mariage à durée déterminée et le harem

l'un des thèmes favoris que l'occident utilise comme arme de dénigrement et de dévalorisation de la civilisation orientale, et qu'il n'hésite pas souvent à mettre en scène, par le cinéma et le théâtre, pour mieux faire passer son message de désinformation, est la question du harem. malheureusement il sappuie, pour sa démonstration, sur beaucoup d'exemples réels dans l'histoire, qui en fait ne traduisent pas la position authentique de l'islam à cet égard.

la vie de certains califes et sultans fournit en effet des modèles parfaits de harem et de l'obsession sexuelle chez l'homme oriental.

on allègue que le mariage à durée déterminée équivaut à la légalisation du harem, lequel constitue le point faible de l'orient et une honte qu'il ressent devant l'occident, et bien plus, il équivaudrait même à donner libre cours à l'obsession sexuelle, laquelle, quelle que soit sa forme, est contraire à la morale et au progrès, et un facteur de décadence de la civilisation.

la même chose a été dite à propos de la poly- gamie, et la légalité de la polygamie a été interprétée comme équivalente à la légalisation du harem.

nous discuterons de la question de la polygamie dans un chapitre spécial. a présent, nous allons concentrer notre attention exclusivement sur le mariage à durée déterminée.

cette question doit être étudiée sous deux angles :

1 - quelles étaient les raisons de la formation de la maison de harem sur le plan social?

2 - est-ce que la loi du mariage à durée déterminée vise à fournir aux hommes licencieux l'occasion de former un harem ?


les causes sociales de la formation du harem

il y avait deux facteurs qui ont favorisé la formation du harem. le premier, était la piété et la chasteté des femmes. un harem ne peut être formé que lorsque le climat social et les conditions morales sont tels qu'une femme na pas la possibilité davoir des relations sexuelles avec plus d'un homme. dans ce cas, un homme riche et licencieux na dautre alternative que de rassembler autour de lui plusieurs femmes pour pouvoir en disposer.

evidemment, dans un climat où l'on nattache pas d'importance à la chasteté et où les femmes sont facilement et librement disponibles, personne ne se donne la peine de constituer un "harem" nombreux, très coûteux.

le second facteur était labsence de justice sociale. le climat favorable à la formation du harem est celui dans lequel un petit nombre de gens sont plongés dans l'opulence, et la majorité se débat dans la misère et la pauvreté. dans de telles conditions, un grand nombre d'hommes sont privés de la possibilité davoir une femme convenable et de former une famille, alors que le nombre de femmes célibataires ne cesse daugmenter, ce qui favorise la formation du harem.

dautre part, si la justice sociale prévaut, et que les moyens de former une famille et de choisir une épouse existent pour tout le monde, chaque femme sera automatiquement attachée à un homme particulier et il n'y aura plus place pour la débauche et la formation de  harems.

si chaque homme adulte est en position davoir une femme, il ne restera pas suffisamment de femmes pour que les hommes riches puissent former des harems, car normalement le nombre des femmes est plus ou moins égal au nombre des hommes.

il est d'habitude que l'histoire relate les récits des harems des califes et des sultans, et décrive la pompe et le faste de leurs cours, mais elle oublie d'expliquer la privation, la misère et la souffrance de ceux qui mouraient au pied de leurs palais et de ceux dont les conditions sociales ne leur permettaient pas davoir une épouse. des centaines de femmes, qui passaient leur vie dans les harems, constituaient le droit naturel du même nombre d'hommes qui étaient obligés de rester célibataires jusqu'à la fin de leur vie.

indubitablement, si le principe de la chasteté gouvernait la société, et que la pratique de la sexualité ne soit possible que dans le cadre du mariage -temporaire ou permanent-, la formation du harem serait impossible, à condition, bien entendu, que les inégalités sociales et économiques disparaissent et que le droit naturel au mariage soit accordé à tout adulte.

un coup d'il rapide sur l'histoire permet de constater que la loi du mariage à durée déterminée na joué aucun rôle dans la formation des harems.

aucun des califes abbassides et des sultans ottomans, connus pour avoir gardé autour d'eux des harems très nombreux, n'était un adepte de la théologie chiite et, par conséquent, aucun d'entre eux ne pouvait être accusé davoir profité de la loi du mariage à durée déterminée pour former son harem.

les sultans chiites, bien qu'ils se fussent abrités derrière cette loi pour trouver une excuse à leurs pratiques, n'ont jamais atteint le niveau des pratiques des califes abbassides et des sultans ottomans. ceci montre clairement que la formation de harems était le résultat dautres facteurs sociaux qui navaient rien à voir avec la loi du mariage à durée déterminée.


le mariage à durée déterminée a-t-il été institué pour faciliter la licence ?

on peut soupçonner tout de tout, sauf soupçonner les religions célestes en général d'être venues pour favoriser la débauche et l'immoralité. loin de là, et bien au contraire, on peut facilement vérifier que les adeptes sincères de la plupart de ces religions ont préféré mener une vie de renoncement et dascétisme.

l'un des principes clairs et distinctifs de l'islam est son combat contre la lascivité, que le coran compare à l'idolâtrie. l'islam a considéré le "goûteur" -c'est-à-dire celui qui aime jouir d'une variété de femmes, comme étant haï et condamné par allah. nous avons cité des références islamiques qui font autorité concernant ce sujet, lorsque nous avons traité de la question du divorce.

l'un des traits distinctifs de l'islam est qu'il rejette la vie monacale et le renoncement, mais il lutte en même temps contre la débauche. pour l'islam, tous les désirs naturels, y compris le désir sexuel, doivent être satisfaits dans les limites et seulement dans les limites du besoin naturel. l'islam nautorise pas qu'on ravive le feu des désirs et que l'on les transforme en une soif inextinguible. il est contre tout ce qui équivaudrait à la licence et à l'injustice.

il est indéniable qu'il na jamais été dans l'intention du législateur de la loi du mariage temporaire de fournir aux gens sensuels un moyen de satisfaire leurs désirs charnels excessifs et dapporter par conséquent le désastre à une femme et à ses enfants innocents. le grand encouragement fait par les saints imams, de l'idée du mariage temporaire, a une signification et une philosophie particulières que nous allons expliquer brièvement.


le harem et le monde moderne

essayons de voir maintenant comment le monde moderne a traité la question du harem. le monde a regardé le harem avec dégoût, et par conséquent cette coutume a été mise à l'écart. l'un des deux facteurs qui lavaient fait naître a été éliminé. mais lequel ? ce n'est pas celui de l'inégalité sociale, mais celui de la chasteté de la femme, laquelle n'est plus de ce monde. l'homme lascif de ce siècle na plus besoin de s'encombrer de la charge d'un harem et de supporter le fardeau financier de son entretien coûteux. merci pour la culture occidentale, car pour l'homme de ce siècle le "harem" est disponible partout. il na pas besoin d'en constituer un pour lui. pour jouir de femmes de différentes races et couleurs, l'homme moderne na pas besoin du pouvoir ni de la fortune d'un hâroun al-rachîd ou d'un fadhl ibn yahyâ al-barmakî. car il suffit davoir une voiture et un revenu mensuel de quelques milliers francs ou dollars pour pouvoir goûter tellement de plaisirs sexuels que même hâroun al-rachîd naurait pas pu rêver en avoir autant. les hôtels, les restaurants et les cafés modernes sont toujours prêts à servir de lieu de harem pour les hommes. il y a quelque temps, un jeune iranien, adil kuwali, a franchement admis qu'il avait eu 22 maîtresses de divers traits et formes en même temps. merci pour la culture occidentale, car l'homme moderne jouit de tous les plaisirs d'un harem sans avoir à se soucier des dépenses considérables que son entretien aurait dû lui coûter jadis.

si le héros des "mille et une nuits" pouvait être ressuscité de nos jours, et voir les divers moyens de jouir et la gratuité de la femme moderne, il aurait regretté le budget colossal et les efforts incroyables qu'il avait été obligé de consacrer pour entretenir son harem, et il aurait remercié le mode de vie occidental pour lavoir dispensé de la peine de constituer un harem, et pour avoir décrété labolition de la polygamie et du mariage temporaire qui imposent à l'homme des responsabilités et des obligations lourdes vis-à-vis des femmes !

si vous vous demandiez qui est le perdant dans cette partie, le gagnant étant déjà connu, nous répondrions que c'est malheureusement la femme qui est toujours perdante. etant crédule et simple, elle était la perdante hier, et elle est la perdante aujourd'hui.


le 2ème calife a interdit le mariage à durée déterminée

le mariage temporaire est un trait particulier de la loi islamique ja'farite (chiite). les autres écoles théologiques islamiques ne le reconnaissent pas. je nai nullement l'intention d'entrer ici dans une polémique chiite-sunnite. je voudrais seulement remonter aux origines historiques de cette question.

tous les musulmans - sunnites et chiites confondus - sont unanimement daccord que le mariage temporaire ou à durée déterminée fut autorisé et pratiqué pendant la première époque de l'islam et que le saint prophète, au cours de certains de ses voyages où ses compagnons de route se trouvaient loin de leurs épouses et éprouvaient une certaine difficulté à supporter la privation, autorisait ceux-ci à contracter le mariage temporaire. il est également unanimement admis que c'est le deuxième calife, 'omar ibn al-kattâb, qui a banni cette pratique du mariage temporaire pendant son mandat califal. selon un hadith célèbre, il a dit : «aujourd'hui, j'interdis deux choses qui ont été autorisées pendant la période du prophète. ce sont le mariage temporaire et laccomplissement du hajj et de la 'umrah avec des ihrâm séparés.»

certains sunnites croient à tort que c'est le prophète lui-même qui aurait banni le mariage temporaire vers la fin de sa vie et que le deuxième calife na fait que répéter et confirmer l'uvre du messager dallah. mais les propos ci-dessus du calife 'omar montrent clairement que c'est lui qui a interdit ce mariage, et non le saint prophète. l'explication correcte de ce point, on la doit au allâmah kâchif al-ghitâ' : «le calife 'omar a prohibé le mariage temporaire -autorisé pendant l'époque du prophète- parce qu'il croyait que son pouvoir constitutionnel, en tant que chef d'etat -qui peut utiliser ses pouvoirs spéciaux selon les besoins de son époque- le lui permettait. en dautres termes, l'ordre califal était un acte politique et non légal. le calife 'omar na jamais caché son inquiétude de la dispersion des compagnons dans les territoires nouvellement conquis et leur mélange avec les peuples convertis de fraîche date. durant son califat, il leur interdisait de sortir de médine de crainte que leur sang ne se mélange avec celui des nouveaux convertis avant que ceux-ci ne reçoivent une éducation islamique profonde. car il estimait qu'un tel mélange était prématuré et constituait un danger potentiel pour les futures générations. par conséquent, ce facteur ou cette cause de l'interdiction avait un caractère purement provisoire et circonstanciel et non une interdiction essentielle et définitive. si les musulmans ont accepté cette interdiction à l'époque sans une protestation générale contre labolition d'une pratique autorisée par le fondateur incontesté de la ummah, le prophète (p), c'est parce qu'ils l'ont considérée comme un ordre d'intérêt politique provisoire, et non comme une loi permanente. autrement, comment le calife de l'époque aurait-il pu se permettre de dire «le prophète avait fait quelque chose, et moi, je fais le contraire» sans soulever une vive protestation de la part des musulmans ? mais, par la suite, et à cause de certains développements politiques, la vie des premiers califes, notamment abû bakr et omar, fut considérée comme un modèle à suivre, et leurs ordres comme des lois permanentes [sunnah]. cette transformation indue d'un ordre ou d'une décision circonstancielle et provisoire en une loi permanente est à reprocher plus aux gens quaux deux califes eux-mêmes, lesquels avaient banni provisoirement le mariage à durée déterminée pour des considérations politiques (tout comme l'interdiction du tabac décrétée par les ulémas d'iran au début de ce siècle). c'est pourquoi nous estimons qu'on a pas le droit de conférer un caractère permanent à cette interdiction circonstancielle et temporaire.»

evidemment, allâmah kâchif al-ghitâ' na pas jugé si cette interdiction faite par le deuxième calife était justifiée ou non. il a tout simplement décrit la nature provisoire de l'interdiction et la raison pour laquelle les gens ne s'y sont pas opposés.

en tout état de cause, ce sont l'influence et la personnalité du calife, ainsi que lattachement passionnel et affectif des gens à ses traditions et à son administration, qui ont conduit à l'oubli de cette loi islamique du mariage temporaire et à la négligence de cette tradition du prophète, qui complète le mariage permanent et dont labolition a créé beaucoup de problèmes dans la société musulmane.

et c'est dans ces circonstances, et afin que cette tradition islamique ne soit pas complètement oubliée, que les saints imams, qui étaient les défenseurs et les gardiens de la foi, l'ont encouragée avec beaucoup d'énergie et ont plaidé pour elle. l'imam al-sâdiq disait que le mariage temporaire est un des points à propos desquels le principe de "la dissimulation de protection" [taqiyyah] ne doit jamais être mis en application.