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-"que veut tu dires ?"

-"je m'excuse mais d'où as-tu- recueillis ces fausses rumeurs ?"

je lui exposais mes informations venant des ouvrages célèbres d'histoire, et des gens illustres et des connaissances communes.

il dit: "laissons ce que disent les gens, mais peux-tu me citer un seul ouvrage célèbre ?".

je commençais à mentionner quelques livres tel que fajr-al salam, de l'écrivain historien ahmed amine et d'autres.

il répondait toujours calmement: "depuis quand ahmed amine est une autorité sur le chi'isme ?, cela n'est pas une preuve !" il ajouta: "pour être honnête, il faut se référer aux sources originelles du sujet."

je dis: "pourquoi devrais-je entreprendre des recherches sur un sujet déjà connu de tous ?".

il répondit: "ahmed amine lui-même a visité l'irak, et j'étais l'un des professeurs qu'il a rencontré à najaf. nous lui avons reproché ses écritures sur le chi'isme, il a alors reconnu qu'il ne savait rien des chi'ites et qu'il en rencontrait pour la première fois. nous lui avions dit que cette excuse est la pire de toutes, comment pouvait-il écrire des choses aussi calomnieuses sur nous, alors qu'il ne savait rien de nous !?

frère, si nous jugions les juifs et les chrétiens d'après le coran, certes ils n'accepteraient pas le jugement, en dépit du fait que le coran est notre preuve absolu, pour cela nous devons montrer leurs erreurs dans leurs livres, la preuve sera plus forte et indiscutable et en accord avec le principe:

"un témoin de sa famille fit le témoignage."

ses paroles tombèrent dans mon cœur comme de l'eau fraîche dans la bouche d'un assoiffé, je m'étais déterminé à changer d'attitude et à devenir un vrai chercheur, car je sentais que seule une logique saine peut apporter une preuve solide, je me devais d'écouter attentivement ce nouveau compagnon, je repris la discussion:

-"alors tu es l'un de ceux qui croient au message de notre saint prophète mohammed ?"

il répondit: "que la paix et la bénédiction d'allah soit sur mohammed et sa descendance. tous les chi'ites sont comme moi et croient en son message. frère tu ferais mieux de mener des recherches toi-même, ainsi tu n'auras plus de doute sur tes frères chi'ites, parce que ces doutes peuvent devenir un péché."

il ajouta:

"si tu désire vraiment connaître la vérité et la voir de tes propres yeux, alors je t'invites à visiter l'irak et là tu pourras rencontrer les savants chi'ites et les gens ordinaires également, tu vas reconnaître ainsi la vérité du mensonge".

j'ai dis: "ça a été mon désir de visiter l'irak un jour, et de voir son patrimoine historique célèbre, spécialement l'héritage des "abassides", et en particulier ceux de "haroun errachid", mais premièrement mes ressources financières sont limités à la "omra" (visite à la mecque et médina). deuxièmement mon passeport ne me permet pas d'entrer en irak".

il dit: "premièrement, quand je t'ai invité à visiter l'irak cela veut dire que je payerais ton voyage de beyrouth à bagdad "aller-retour", tu seras mon hôte personnel en irak. quand au passeport et l'entrée en irak, laissons cela à allah qu'il soit exalté, s 'il t'a destiné à visiter l'irak, cela se fera même sans passeport.

cependant nous allons essayer d'obtenir un visa d'entrée dès que nous arriverons à beyrouth.

j'étais très touché par cette offre, j'ai promis à mon ami de lui communiquer ma décision le lendemain, s'il plaît à dieu. je suis sortis de la cabine, j'étais monté au pont pour respirer l'air frais, les yeux perdus à l'horizon, mon esprit méditait.

je glorifiais "allah" créateur de tout l'univers, je le remerciais de m'avoir amené à cet endroit, je lui demandais, loué soit- il, de me protéger du mal et de la faiblesse, et de me protéger contre les erreurs.

mon esprit vagabondait et présentait devant mes yeux une série d'événements de mon passé, le bonheur que j'ai goûté depuis mon enfance jusqu'à ce jour, je rêvais d'un avenir meilleur.

j'avais l'impression que dieu et son messager me prodiguaient une attention particulière. je regardais vers l'egypte dont les côtes apparaissaient de temps à autre sur l'horizon.

je disais adieu à la terre où j'avais embrassé la chemise du prophète.

c'était le souvenir le plus précieux que je gardais de l'egypte. je me rappelais aussi des paroles du nouvel ami chi'ite qui avait apporté à mon cœur une grande joie, à la perpective de réaliser un rêve qui me tentait depuis l'enfance: "la visite de l'irak", le pays qui rappelle le règne fantastique d'arrachid et de maamoun, les fondateurs de l'université de sagesse qui recevait les étudiants occidentaux quand la civilisation islamique était à son apogée.

de plus, l'irak est le pays du fameux cheikh abdoulkader jilani dont la réputation a atteint tous les pays, et dont l'ordre soufi est entré dans chaque ville et chaque village, son ardeur et son zèle dépassait tout autre.

je parcourais une mer d'imagination et d'espoir, je fus réveillé par le haut-parleur appelant les voyageurs pour le dîner. je me dirigeais vers l'endroit désigné, les gens étaient nombreux, ils se bousculaient comme d'habitude à chaque rassemblement. chacun voulait entrer le premier, les cris s'élevaient, j'essayais d'entrer par tous les moyens, subitement, le chi'ite m'a attiré doucement en arrière en disant: "ne te fatigues pas frère, on mangera plus tard sans bousculade. en faite, je te cherchais partout, allons faire nos prières, après quoi nous viendrons dîner lorsque la foule sera dispersée."

j'ai apprécié son idée, ainsi je l'ai accompagné dans un endroit isolé, après les ablutions, je l'incitais à diriger les prières pour le tester et observer sa façon de prier. j'avais l'intention de refaire mes prières un peu plus tard.

dès qu'il commença la prière du "maghreb" en récitant les versets coraniques et les invocations, mon esprit fût transporté, et je me suis senti alors guidé par l'un des nobles compagnons du prophète qui craignaient dieu et que j'admirais tant.

après la fin des prières, il a récité des invocations que je n'avais jamais entendu dans mon pays, ni dans aucun autre, je me sentais à l'aise à chaque fois que je l'entendais dire des louanges sur notre saint prophète mohammed et sur sa descendance, que la paix d'allah et sa bénédiction soit sur lui et sa descendance.

j'ai remarqué que les larmes coulaient de ses yeux, je l'ai entendu pleurer en priant dieu pour qu'il ouvre mon cœur, me donne la clairvoyance et me guide sur la bonne voie.

nous sommes allés au réfectoire qui était presque vide, il s'assied après moi, il changea mon assiette avec la sienne qui contenait plus de viande, il me traitait comme si j'étais son hôte personnel, avec courtoisie et gentillesse, et il me racontait les dires du prophète concernant l'étiquette de table.

j'étais impressionné par son moral, et lorsqu'il a dirigé les prières de "al-ichaa" qu'il a étendues en récitant plusieurs supplications qui m'ont fait pleurer, j'ai imploré dieu. loué soit- il., de changer ma suspicion à l'égard de cet homme car certaines conjectures sont un péché, mais que fallait-il penser ?!.

j'ai dormi cette nuit-là en rêvant de l'irak, des "milles et une nuit", je me suis réveillé en entendant l'appel de mon ami chi'ite pour faire les prières de "al-fajr", après l'achèvement des prières nous parlions de la grâce de dieu et de ses bienfaits envers les musulmans.

nous nous sommes endormis à nouveau, mais à mon réveil, il était assis sur son lit, rosaire à la main, il récitait les noms d'allah, ainsi je me sentais plus confiant, mon cœur se rassura, j'ai demandé à dieu de pardonner ma suspicion.

pendant le déjeuner, on annonçait l'approche des côtes libanaises et le débarquement dans deux heures s'il plaît à dieu. mon ami m'a demandé si j'avais bien réfléchi et quelle était ma décision ?.

j'ai répondu si dieu le veut, et si j'obtiens le visa d'entrée, je ne vois pas d'inconvénient, puis je l'ai remercié pour son invitation.

nous passâmes une nuit à beyrouth, et dès notre arrivée à damas nous étions à l'ambassade d'irak. et rapidement j'ai obtenu mon visa avec une facilité incroyable, il me félicita et remercia dieu pour son aide.

 

 


ma premiere visite en irak

notre voyage de damas à bagdad se déroula dans un bus climatisé de la compagnie internationale de "najaf", car la température était de quarante degrés à bagdad. a notre arrivée, nous nous dirigeâmes directement vers sa maison qui était dotée de l'air conditionné, je me suis bien reposé.

il apporta des fruits et de la nourriture, pendant que les membres de sa famille entraient pour me souhaiter la bienvenue avec respect et politesse. son père m'embrassa comme s'il me connaissait depuis longtemps. quand à sa mère, vêtue de noir, elle me souhaita la bienvenue également.

mon ami s'excusa pour sa mère qui ne pouvait pas me serrer la main, car cela n'était pas dans leurs habitudes de politesse islamique. ils témoignaient ainsi à leur façon du respect du aux femmes. j'ai apprécié cela, je me suis dis: ces chi'ites que nous accusons de dévier la religion, semble l'observer et l'appliquer plus que nous.

 

pendant mon séjour en compagnie de mon amie momeen, j'ai observé ses nobles manières, sa vertu, sa dignité, et sa générosité. j'ai aussi apprécié sa modestie et sa grande pitié que je n'avais pas encore perçu chez une autre personne avant cela. je ne me sentais pas du tout comme un étranger, mais chez-moi.

des lits nous ont été préparés sur le toit de la maison, je veillais tardivement "suis-je dans le monde du rêve ou de réalité ? suis-je vraiment à bagdad tout près de "sidi abdelkader-jilani ?" "

en écoutant ces propos, mon ami riait et me demandait ce que les tunisiens pensaient à propos de abdelkader-jilani ?.

je racontais les miracles et mystères qui lui étaient attribués. les confréries qui se construisent en son honneur, et qu'il est pour elles le noyau du cercle, comme le prophète mohammed était le sceau des prophètes, ainsi abdelkader-jilani est le sceau de tous les saints. de même que jilani disait: "tous les gens tournent autour de la "kaâba", mais elle, tourne autour de moi."

j'essayais de le convaincre que le "cheikh abdelkader" venait à ses disciples en état d'éveil pour soigner leurs souffrances. en parlant de "sidi abdelkader" j'oubliais ou j'essayais d'oublier la croyance wahhabite.

lorsque je remarquais le manque d'enthousiasme de mon ami, j'essayais de convaincre mon esprit que tout cela était juste, mais en doute je lui demandais son opinion. mon ami rit et dit: "repose-toi cette nuit, demain si dieu le veut, nous irons visiter le cheikh abdelkader", cette nouvelle m'a comblée de joie et je voulais que le jour se lève aussitôt. mais j'étais si fatigué que je suis tombé dans un sommeil très profond, de telle sorte que je ne m'étais réveillé qu'après le lever du soleil, et l'appel pour la prière était déjà passé.

 

 


abdelkader – jilani et moussa al - kadhim

après le petit déjeuner nous sommes allés à "bab-echeikh", où se trouve le haut lieu d'abdelkader, que j'ai toujours désiré visiter, je me suis précipité dès l'entrée, assoiffé de le voir comme si j'allais me jeter dans ses bras, mon ami me suivais là où je marchais, je me mêlais à la foule des visiteurs qui s'entassaient autour de la tombe comme les pèlerins autour de la "kaâba", quelques visiteurs lançaient des bonbons, d'autres accourent pour les ramasser. j'en ai ramassé deux, j'ai mangé le premier pour la bénédiction, et conservé le second pour le souvenir, j'ai fait beaucoup de prières et de supplications.

j'ai bu de l'eau comme si je buvais de l'eau de "zamzam". avant de quitter j'ai demandé à mon ami de m'attendre un moment, afin d'écrire à mes amis en tunisie, des cartes postales représentants le mausolé du "cheikh abdelkader" avec sa grande coupole verte, j'ai voulu prouver à mes amis et mes parents en tunisie mon zèle et mon ardeur qui m'ont amenés à ces lieux qu'ils n'ont jamais pu voir.

au centre de la ville dans un restaurant populaire, nous avons déjeuné, puis mon ami m'a amené dans un taxi à "kadhimya" j'ai entendu ce nom lorsqu'il l'a indiqué au chauffeur, à la descente de la voiture nous nous sommes insérés à la foule des gens qui marchaient dans la même direction, hommes, femmes et enfants portants leurs bagages, ils m'ont rappelés l'époque du pèlerinage, je ne savais où aller, jusqu'à la parution des minarets et des coupoles dorées dont l'éclat éblouissait l'horizon.

j'ai de suite compris que c'était là l'une des mosquées chi'ites car je savais d'avance que les chi'ites décoraient leurs mosquées avec de l'or et de l'argent, ce que l'islam "interdit formellement".

j'éprouvais quelques difficultés pour entrer dans cette mosquée, mais vu les sentiments de mon ami, je l'ai suivi malgré moi, je n'avais le choix.

dès l'entrée j'ai remarqué les vieillards qui embrassaient les portes, je me divertissais par la lecture d'une pancarte sur laquelle était écrit "entrée interdite aux femmes dévoilées" avec la sentence d'imam ali disant: "l'époque viendra où les femmes porteront des habits qui ne cachent rien, etc.".

a la porte du mausolée et pendant que mon ami lisait "la permission d'entrée" je regardais avec étonnement les versets coraniques gravés sur la porte en or massif.

je rentrais suivant mon ami avec méfiance, mon esprit divaguait dans les fables et les légendes que j'ai lues dans certains livres qui comptent "les chi'ites" parmi les incrédules.

a l'intérieur du mausolée se gravait les calligraphies et des ornements fabuleux, j'étais perplexe, je me croyais dans un monde étrange qui m'était inconnu et inhabituel.

de temps en temps j'observais avec répulsion ceux qui circulaient autour du tombeau en pleurant et en embrassant les barreaux et les coins du cercueil pendant que d'autres faisaient leurs prières tout près du tombeau, je me rappelais le "hadith" du prophète disant: "dieu a maudit les juifs et les chrétiens quand ils ont fait des tombeaux de leurs saints un lieu de prosternation".

je m'éloignais de mon ami qui commença à pleurer dès l'entrée, et pendant qu'il faisait ses prières, je lisais la pancarte qui présentait "l'ordre de la visite" elle contenait des noms qui me sont inconnus, je me suis isolé dans un coin pour lire la "fatiha" sur l'âme du cadavre contenu dans ce tombeau en disant: o dieu, donnez lui la grâce s'il était musulman, vous le connaissez mieux que moi".

mon ami s'approcha de moi murmura dans mon oreille: "si tu veux que dieu exauce tes souhaits, invoque le ici, car on l'appelle: portail des demandes". je ne donnais d'importance à ses propos - dieu me pardonne- mais je contemplais les vieillards qui portaient sur leurs têtes des turbans blancs ou noirs, sur leurs fronts des empruntes de prosternations, leurs longues barbes parfumées leur donnait tant de prestige, leur regard était perçant et majestueux, aussitôt que l'un d'entre eux entrait au mausolée il éclatait en sanglot, je me demandais: est-ce possible que toutes ces larmes soient mensongères ? est ce possible que tous ces vieillards soient dans l'erreur ?!.

je sortais de ce mausolée perplexe et étonné, pendant que mon ami sortait en reculent - signe de respect- pour ne pas tourner le dos au mausolée.

je lui demandais: c'est le mausolée de qui ?.

il dit: c'est le mausolée de l'imam moussa al-kadhim.

je lui demandais encore: qui c'est moussa al-kadhim ?.

il dit: que dieu soit loué! vous les "sunnites" vous délaissez le noyau vous vous attachez à l'écorce.

j'ai dit d'un air mécontent: comment avons-nous délaissé le noyau en s'attachant à l'écorce ?.

il m'a calmé en me disant: "mon frère, depuis que tu as mis les pieds en irak, tu n'as pas cessé de parler de abdelkader-jilani, peux-tu me dire qui il est ? et pourquoi il a tant attiré ton attention ?!.

je répondais rapidement avec fierté: "il est l'un des descendants du saint prophète après mohammed, cela aurait pu être abdelkader "que dieu soit satisfait de lui".

il me demanda: "frère smaoui connais-tu l'histoire islamique ? je lui répondais sans hésiter, oui, mais en vérité je ne connaissais rien de l'histoire islamique, parce que nos professeurs nous empêchaient de la connaître, prétendant qu'elle était complexe et source de problèmes.

par exemple je me rappelle du professeur de la rhétorique nous présentant l'allocution de l'imam ali qui s'intitule "chakchakia" dans "nahj-al-balagha".

j'étais étonné comme certains élèves en la lisant., j'ai osé lui demander si cette allocution était vraiment les propos de l'imam ali?il répondit: "certainement, qui pourrait rivaliser en éloquence ? si cela n'était pas ses propos, les savants musulmans tel que cheikh mahommed abda le grand mufti de l'egypte, ne se donnerait pas tant de peine pour son interprétation".

je dis alors: "l'imam ali accuse aboubaker et omar d'avoir usurper son droit au khilafa"?.

le professeur était outragé, il m'a blâmé et m'a menacé de renvoi définitif si je répétais pareille question, il disait: nous enseignons la rhétorique et non l'histoire, nous ne sommes pas concernés par les épisodes noires de l'histoire et les guerres meurtrières entre musulmans, tant que dieu a purifié nos épées de leurs sangs, nous purifions nos langues de les injurier (il parlait des compagnons du prophète).

je n'étais pas convaincu par ce raisonnement, je restais révolté contre ce professeur qui nous enseignait la rhétorique arabe sans signification, j'essayais à maintes reprises d'étudier l'histoire islamique, mais je n'avais pas suffisamment de références, ni les moyens d'acheter ces livres. personne de nos savants s'y intéressait, ils étaient tous d'accord pour tourner cette page sans regard. personne chez nous ne possède un ouvrage complet d'histoire.

alors quand mon ami m'a demandé si je connaissais l'histoire? je répondais obstinément par oui, mais en vérité je devais dire: "je sais que c'est une histoire sombre et futile, qui ne contient que des dissensions des intrigues et des contradictions."

il m'a demandé si je connaissais la date de naissance de "cheikh" abdelkader-jilani et son époque ?.

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