comme nous lavons remarqué, le saint coran a aboli beaucoup de coutumes et d'usages anté-islamiques relatifs à la dot, bien que les gens de l'époque y fussent très attachés. ce que le coran a prescrit à cet égard est différent de l'usage en cours à cette époque-là. pour cette raison, on ne peut pas dire que le coran nattache pas d'importance à l'existence ou l'inexistence de la dot. il aurait pu abolir totalement la dot, mais il na pas estimé bon de le faire.
maintenant que nous connaissons les vues de l'islam concernant la dot, examinons les objections faites par ceux qui critiquent cette loi islamique.
un critique écrit : «de la même façon que quelqu'un qui a de largent peut le dépenser pour acquérir un jardin, une maison, un cheval ou une mule, on peut le dépenser pour obtenir une femme. et de même que le prix d'une maison, d'un jardin ou d'un cheval dépend de sa taille, de sa beauté et de son utilité, de même le prix d'une femme varie selon sa beauté ou sa laideur, de sa richesse ou sa pauvreté. telle est la philosophie de la dot. il ne peut pas y avoir de vie conjugale sans dépenser de largent et sans payer le prix de lacquisition».
s'il sagissait d'une coutume occidentale, aurait-il été possible d'échaffauder une telle calomnie contre elle ? si une personne donne de largent à une autre, cela signifie-t-il qu'elle veuille lacquérir ? la coutume consistant à offrir un cadeau ou donner un présent devrait-elle être abolie ? le coran dit que la dot n'est autre qu'un cadeau gratuit. bien plus, l'islam a formulé ses lois économiques de telle manière qu'elles ne permettent aucune exploitation économique de la femme par l'homme.
vous pouvez dire que beaucoup de maris en orient exploitent effectivement leurs femmes économiquement. nous ladmettons, mais cela na rien à voir avec la dot. ces maris ne disent pas qu'ils exercent un contrôle total sur leurs femmes parce qu'ils leur ont payé une dot. en réalité il y a dautres raisons qui expliquent pourquoi, dans beaucoup de cas, les hommes dominent leurs femmes. pourquoi faudrait-il saborder la loi naturelle au lieu de réformer les hommes concernés ? l'idée sous-jacente de tous les arguments de ce genre est qu'on veut que les orientaux oublient leur propre philosophie de la vie et leurs modèles humains afin d'être facilement dévorés par les occidentaux.
le même critique ajoute : «si l'on établissait une égalité économique parfaite entre l'homme et la femme, il n'y aurait plus de raison que l'homme soit tenu pour responsable de l'entretien matériel de sa femme et de ses besoins en nourriture et vêtements, et obligé de lui payer une dot. toutes ces précautions et cette double assurance n'ont jamais été considérées nécessaires dans le cas de l'homme.»
si nous analysons minutieusement cet argument, il signifie tout simplement que pendant l'époque où la femme navait pas le droit de détenir une propriété et ne jouissait pas d'une indépendance économique, la dot et l'entretien financier étaient nécessaires dans une certaine mesure, mais que lorsque la femme a obtenu une certaine indépendance économique, comme l'islam la lui avait déjà accordée, l'entretien financier et la dot ne se justifiaient plus.
ce critique semble avoir la fausse impression que la dot est payée tout simplement pour compenser la privation, par la femme, de ses droits économiques. or la vérité est tout autre. si l'on fait une brève référence au coran, on peut facilement connaître la philosophie réelle de la dot.
un autre critique écrit : «etant donné que l'homme et la femme ont été créés égaux, le paiement d'un prix ou d'une rétribution na pas de raison d'être. de même que l'homme a besoin de la femme, de même la femme a besoin de l'homme. a cet égard ils sont tous les deux sur pied d'égalité. c'est pourquoi il serait désagréable d'imposer à l'un de supporter les dépenses de lautre. mais puisque l'homme avait le droit de divorce, et que la femme navait pas une garantie de pouvoir vivre avec lui continuellement, on lui a donné le droit de lui demander une sorte de sécurité.»
il ajoute : «si l'homme navait pas un droit absolu de divorce, la coutume de la dot naurait plus aucune justification».
il ressort clairement de ce qui précède que ces arguments sont non fondés. une dot n'est ni un prix, ni un salaire. il ne fait pas de doute que l'homme et la femme ont besoin l'un de lautre, mais leur position n'est pas la même. la nature les a placés en deux positions différentes.
il est encore plus aberrant de décrire la dot comme étant une sécurité financière contre le droit du divorce dont jouit l'homme. et, pour comble, prétendre que c'est là la raison pour laquelle l'islam la prescrite, est le sommet de labsurdité. nous voudrions demander à ces gens pourquoi, en premier lieu, l'islam aurait accordé le droit de divorce à l'homme, pour créer chez la femme le besoin d'une garantie financière ? si ce droit navait pas été accordé, la femme naurait-elle pas besoin daucune garantie de sécurité ? bien plus, une telle idée signifie que lorsque le saint prophète a fixé une dot pour ses propres femmes, a-t-il voulu leur fournir une sécurité contre lui-même ? de même, lorsqu'il a fixé une dot à sa fille fatimah al-zahrâ' au moment de son mariage avec ali son "frère" et cousin et son plus fidèle compagnon, a-t-il voulu par là assurer la sécurité de sa fille bien-aimée contre son plus fidèle compagnon ?
si nous admettions, à titre de polémique, que la dot soit une forme de sécurité, alors la question se poserait de savoir pourquoi le saint prophète a conseillé vivement aux femmes de réoffrir leurs dots à leurs maris en geste de bonne volonté ? pourquoi a-t-il décrit un tel geste comme un acte très méritoire et hautement récompensé spirituellement [thawâb] ? pourquoi a-t-il conseillé que le montant de la dot ne soit pas, autant que possible, important ? tous ces faits ne montrent-ils pas que le prophète a considéré la dot comme un cadeau, et qu'il a conçu le geste de sa restitution par la femme au mari, comme un facteur de consolidation des liens de lamour et de lamitié entre les deux conjoints ? si l'islam avait voulu que la dot constituât une garantie financière, pourquoi le coran dit-il : «donnez aux femmes leur dot comme un cadeau sans contrepartie» et non pas «donnez aux femmes leur dot comme une sécurité» ?
en outre, il semble que le critique en question ait l'impression que la dot, telle qu'elle se pratiquait au début de l'ère musulmane, avait la même forme quaujourd'hui. de nos jours, l'usage commun veut que le mari sapprête à payer, au moment du mariage, une certaine somme dargent, mais que la femme ne demande pas le paiement immédiat et effectif, sauf dans le cas où une dispute sérieuse se développe entre les deux époux. cette sorte de dot peut constituer une forme de sécurité. mais pendant la première époque de l'islam, l'usage courant voulait que le mari paie effectivement et immédiatement une somme dargent, auquel cas, on ne peut pas dire que la dot est une sorte de sécurité.
l'histoire montre que le saint prophète na jamais voulu marier une femme sans lui fixer une dot. relatons à ce propos l'histoire suivante, mentionnée dans les livres aussi bien chiites que sunnites à quelques nuances près :
une femme vint voir le prophète et lui dit :
o messager dallah ! acceptes-tu que je devienne ta femme ?
le prophète garda le silence. la femme sassit sur place. un compagnon se leva alors et dit :
o messager dallah ! si tu ne désires pas l'épouser, moi je le ferai !
le prophète lui demanda :
quelle dot lui fixes-tu ?
je nai rien, répondit le compagnon.
ce n'est pas juste. vas à ta maison, peut-être y trouveras-tu quelque chose comme dot.
le compagnon s'exécuta, et à son retour il dit :
je n'y ai rien trouvé.
retourne à la maison et recherches-y bien n'importe quoi. une bague en fer suffira.
l'homme repartit à la maison, et à son retour il dit là encore :
je nai rien trouvé, même pas une bague en fer. mais je suis prêt à offrir en dot ce vêtement qui me couvre maintenant.
un autre compagnon, qui connaissait bien le premier, dit alors :
o messager dallah. par allah, cet homme ne possède que ce vêtement qu'il porte. accepte donc qu'il en offre la moitié en dot à cette femme.
le saint prophète répondit :
si la moitié de ce vêtement devenait la dot de la femme, lequel des deux le porterait ? et si n'importe lequel des deux le portait, lautre resterait sans vêtement. et cela n'est pas légal.
le prétendant se rassit, alors que la femme attendait à sa place. entre-temps, des discussions sur dautres sujets s'engagèrent et se prolongèrent. le prétendant se releva pour s'en aller. le prophète lappela et lui dit :
approche.
lorsqu'il sapprocha, le prophète lui demanda :
est-ce que tu connais un peu de coran ?
oui, saint prophète, répondit-il. je connais telle et telle sourates.
le saint prophète lui demanda encore :
sais-tu les réciter par cur ?.
oui, répondit-il.
eh bien, ton problème est résolu : je tai marié à cette femme, dont la dot consiste en ceci que tu lui apprends le coran.
l'homme repartit main dans la main avec son épousée.
il y a dautres points relatifs à la dot, mais nous les laissons de côté pour le moment.
nous avons expliqué le point de vue islamique concernant la dot et sa philosophie. etudions à présent la question de l'entretien financier de la femme.
on doit garder présent à l'esprit que, comme la dot, l'entretien aussi a une forme spécifique dans la loi islamique, et il ne faut pas le confondre avec ce qui se pratique dans le monde non musulman.
si l'islam avait permis à l'homme de faire travailler la femme pour lui, et de sapproprier ce qu'elle gagnerait par son travail, la raison pour laquelle le mari doit entretenir sa femme aurait été normale et évidente, car il est clair que si un homme exploite un autre homme (ou même un animal) économiquement, il doit supporter ses dépenses (ou nourriture et soins), pourvoir à ses besoins. si un cocher ne nourrit pas son cheval, celui-ci ne pourra pas porter de charges pour lui.
mais l'islam na pas permis à l'homme d'exploiter sa femme. dautre part, la femme a le droit de posséder une propriété et de gagner de largent, et l'homme na pas le droit de mettre la main sur ce qui appartient à sa femme. en même temps, il incombe à l'homme de pourvoir aux dépenses de la famille. il doit entretenir sa femme et ses enfants, et supporter les dépenses d'éventuelles servantes, femmes de ménage, bonnes, etc. qui travaillent pour le confort de la famille. pour quelle raison ?
malheureusement, les gens à la mentalité occidentalisée ne sont pas préparés le moins du monde à comprendre ces choses-là, ni à y réfléchir. ils répètent souvent les mêmes remarques critiques que les occidentaux formulent -à raison- à l'encontre de leurs systèmes juridiques, et les transposent indûment dans le système juridique islamique.
il est tout à fait juste de dire que l'entretien d'une femme en occident était, jusquau début du xixe siècle, un signe dasservissement de la femme, parce que la femme était contrainte de faire le travail domestique du mari gratuitement, sans avoir le droit de posséder quelque chose personnellement. evidemment, dans ce cas, tout ce qu'on lui donnait de nourriture, de vêtements, etc. n'était pas différent de la ration quotidienne d'un prisonnier ou de la portion daliment donnée à une bête de somme.
en tout cas, ce qui se pratique en islam est tout à fait différent. le système islamique de l'entretien de la femme est un système unique en son genre, et il dispense la femme de la charge des travaux domestiques de l'homme, lui confère une indépendance économique complète et, en même temps, il l'exempte de toute contribution au budget familial. là nous avons une philosophie tout à fait différente qui mérite, bien entendu, une considération particulière.
le dr châyegân, lauteur du "code civil iranien" dit : «l'indépendance économique de la femme, qui a été reconnue par la jurisprudence chiite dès le début, n'existait ni en grèce, ni à rome, ni au japon, ni dans la plupart des pays jusqu'à une date récente. considérée comme mineure et changeante, la femme était interdite d'être une partie dans une transaction concernant sa propriété. en angleterre, où la personnalité de la femme était complètement fondue dans celle de son mari, on a promulgué deux lois, la première en 1870, et la seconde en 1882, portant le nom de "loi de la propriété de la femme mariée", et en vertu desquelles fut levée l'interdiction qui frappait la femme. en italie, c'est la loi de 1919 qui a sorti la femme du nombre de ceux frappés d'interdiction. c'est seulement en 1900, en allemagne, et en 1907, en suisse, que le code civil accorda aux femmes de ces pays des droits similaires à ceux des maris. mais la femme mariée selon le code civil, au portugal et en france, reste jusqu'à la rédaction de ce livre frappée de restrictions. c'est seulement dans la loi française de 1938 que la position de la femme a été modifiée, dans une certaine mesure.»
comme vous pouvez le constater, un siècle ne s'est pas encore écoulé depuis la promulgation de la première loi (angleterre, 1882) accordant à la femme l'indépendance économique vis-à-vis de son mari, ou depuis la levée de l'interdiction qui la frappait en europe.
maintenant voyons pourquoi un tel événement important est intervenu il y a un siècle ? est-ce parce que la conscience des européens s'est réveillée subitement, et que ceux-ci se sont rendu compte soudain de l'injustice de leur système social ?
will durant, dans son livre : "les plaisirs de la philosophie" répond à cette interrogation. il nous permet de connaître la vérité effarante à cet égard, car il ressort de ses constatations que la femme européenne devrait se sentir redevable, pour son émancipation et pour l'obtention de ses droits à la propriété, à l'invention de la machine et non au réveil de la conscience de l'homme ! elle devrait sagenouiller en signe de révérence et de gratitude -pour le vote de la loi de son indépendance économique par le parlement britannique- devant cette machine et devant les industriels avides qui voulaient, à travers cette loi, gagner plus dargent et payer moins de salaires.
will durant écrit : «les changements rapides, dans des us et coutumes plus vieux que l'histoire de la chrétienté, s'expliquent seulement par labondance et la diversité des machines. l'émancipation de la femme est un sous-produit de la révolution industrielle.
«il y a un siècle, il était très difficile pour l'homme de trouver un travail en angleterre. les annonces et offres d'emploi incitaient les anglais à envoyer leurs femmes et leurs enfants aux usines. les employeurs se préoccupaient seulement de leurs profits et actions, et ne s'embarrassaient point de considérations morales et éthiques. ce sont ces patriotes industriels du xixe siècle qui ont conspiré inconsciemment contre l'intégrité de la vie familiale.
«le premier pas sur la voie de l'émancipation de nos grands-mères fut la loi de 1882. en vertu de cette loi, les femmes de grande-bretagne devinrent capables de jouir d'un privilège sans précédent. on leur accorda le droit de garder pour elles largent qu'elles gagnaient en travaillant. cette loi, qui représente les hautes valeurs morales chrétiennes, a été introduite par les patrons des usines dans "la chambre de communes" britannique afin qu'ils puissent attirer les femmes anglaises aux usines. depuis cette date, la femme a été libérée de la corvée des travaux domestiques pour être asservie par la corvée des usines et des entreprises.»
comme vous pouvez le constater, ce sont les industriels et les patrons des usines dangleterre qui ont fait ce pas progressif en direction de la femme, afin daugmenter leurs profits.