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le divorce ii

a notre époque, le divorce est devenu un problème mondial, car tout le monde se plaint et se complaint à son propos. ceux dont la loi interdit totalement le divorce se plaignent de l'inexistence d'un moyen d'échapper des mariages ratés et mal assortis. dautre part, ceux qui ont ouvert la porte du divorce devant aussi bien l'homme que la femme, se plaignent de la hausse du taux des divorces, et de l'instabilité de la vie familiale et de ses effets nuisibles. ceux qui ont accordé le droit du divorce aux hommes seulement se disent aussi insatisfaits pour deux raisons :

premièrement, certains hommes, divorcent d'une façon inattendue, après de longues années de vie conjugale commune, et divorcent de leurs femmes qui ont passé la meilleure partie de leur jeunesse avec eux, tout simplement parce qu'ils se sentent subitement désireux davoir une nouvelle femme.

deuxièmement, certains hommes, d'esprit mesquin, refusent de divorcer d'une femme avec laquelle il n'y a pas d'espoir de vivre en harmonie et bonne entente.

il arrive souvent que, pour une raison quelconque, les différends entre un mari et sa femme atteignent un tel stade qu'il n'y a plus aucune possibilité de réconciliation, et qu'ils vivent pratiquement séparés l'un de lautre. dans de telles circonstances, la seule solution qui reste est de couper légalement les relations qui ont été déjà rompues pratiquement, et de permettre ainsi à chacun d'eux de chercher un nouveau partenaire. malheureusement, certains hommes, par malveillance, et voulant harrasser leurs femmes et les empêcher de jouir d'une nouvelle vie conjugale, refusent de divorcer davec elles. ils laissent leurs femmes "comme en suspens" selon les termes du coran.

ces hommes sont à mille lieues des enseignements de l'islam, bien qu'ils utilisent lautorité de la loi islamique pour justifier leur attitude inconvenable. leur conduite donne l'impression, à ceux qui ne connaissent pas en profondeur l'esprit des enseignements islamiques, que c'est comme cela que l'islam conçoit le divorce. c'est ce qui a permis aux détracteurs de l'islam de se demander avec sarcasme si l'islam a vraiment autorisé les hommes à harasser leurs femmes à leur guise, tantôt en divorçant davec elles, tantôt en refusant le divorce, tout en ayant la conscience tranquille d'exercer leur droit légitime et légal.

ils disent qu'un tel comportement constitue un exemple flagrant d'injustice et de cruauté. ils se demandent, s'il est vrai, comme les musulmans laffirment, que les lois islamiques ont été fondées sur la justice et la droiture, quelles mesures l'islam a-t-il prises pour prévenir une telle injustice.

a propos de la cruauté et de l'injustice de tels actes, il n'y a aucun doute. nous mentionnerons plus loin tout ce que l'islam a entrepris pour les empêcher. mais ce qui importe, c'est de savoir quel est le moyen le plus approprié pour prévenir cette injustice et cette cruauté. les actes d'injustice sont-ils dus à des défauts dans la loi du divorce, ou bien faut-il chercher leurs causes ailleurs ? peut-on les éliminer en modifiant la loi, ou dautres mesures sont-elles nécessaires à cet égard ?

l'islam a ses propres vues sur les solutions des problèmes sociaux. daucuns pensent que ces problèmes peuvent être résolus soit par la promulgation d'une nouvelle loi, soit par la modification des lois existantes. mais l'islam réalise qu'une loi a ses limites propres. elle ne peut être efficace que dans le cadre des relations sèches et contractuelles entre les gens. mais quand il sagit des relations sentimentales, la loi n'y peut rien à elle toute seule. dautres mesures sont nécessaires pour résoudre le problème.

comme nous allons le voir, l'islam a utilisé pleinement la force de la loi, là où elle pourrait être efficace. et elle na pas échoué à cet égard.


les divorces ignobles

tout dabord nous traiterons du problème capital de notre époque, en l'occurrence, les divorces ignobles.

en principe, l'islam s'est opposé énergiquement au divorce. il veut qu'il nait pas lieu, dans la mesure du possible. il lautorise seulement en dernier ressort, au cas où la séparation est inévitable. ceux qui se marient fréquemment en divorçant davec leurs anciennes femmes sont dénoncés par l'islam comme étant les ennemis dallah.

le célèbre livre de hadith -tradition- "al-kâfî" rapporte le récit suivant :

le saint prophète demanda à un homme :

-quas-tu fait de ton épousée ?

-jai divorcé davec elle, répondit l'homme.

-avait-elle fait quelque chose de mal, demanda le prophète (p)?

-non, dit-il.

quelque temps a près, l'homme en question se remaria. le prophète, layant vu, lui demanda :

-t'es-tu remarié ?

-oui, répondit-il.

-quelque temps après, le prophète le revit et lui demanda encore:

-quas-tu fait avec ta nouvelle épouse?

-jai divorcé davec elle, répondit l'homme.

-avait-elle fait quelque chose de mal, lui demanda le prophète (p)?

-non, dit l'homme

l'homme se remaria une troisième fois, et le prophète lui demanda, s'il avait eu une nouvelle femme, question à laquelle il répondit par laffirmative.

après quelque temps, le saint prophète lui demanda encore:

-quas-tu fait de ta troisième épouse ?

-jai divorcé davec elle, répondit l'homme

-avait-elle fait quelque chose de mal, ?

-non.

-le saint prophète dit alors quallah déteste l'homme qui change fréquemment de femme, et la femme qui change fréquemment de mari. de telles gens sont les ennemis dallah.

on rapporta au saint prophète quabû ayyûb al-ançârî avait décidé de divorcer de sa femme. le prophète (p) connaissait personnellement cette femme.il savait aussi que la décision dabû a yyûb n'était pas justifiée. aussi déclara-t-il à ce propos:

le divorce davec umm ayyûb [la femme dabû ayyûb] est un péché mortel.

le saint prophète dit que larchange gabriel lavait exhorté et lui avait conseillé tellement de ne pas recourir au divorce, qu'il avait pensé que divorcer d'une femme n'était autorisé que lorsqu'elle était coupable dadultère.

l'imam al-sâdiq a rapporté que le saint prophète avait dit : «rien n'est plus plaisant pour allah qu'une maison où un mariage a lieu, et rien n'est plus déplaisant pour lui qu'une maison où un divorce a  lieu.»

l'imam al-sâdiq a dit aussi que si le mot divorce a été mentionné à plusieurs reprises dans le coran, c'est parce quallah est contre le divorce et la séparation.

al-tabarsî rapporte dans makârim al-akhlâq que le prophète a dit: «mariez-vous, mais ne divorcez pas, car le divorce secoue le trône dallah.»

l'imam al-sâdiq a dit : «il n y a pas dacte autorisé plus déplaisant pour allah que le divorce. allah déteste ceux qui divorcent fréquemment.»

de tels hadith (traditons) sont relatés dans les livres sunnites aussi. abû dawûd a rapporté dans ses sunan que le prophète (p) a dit: «allah na pas autorisé un acte autant détestable que le divorce». en dautres termes, bien quallah ait autorisé le divorce, il le déteste le plus.

les grands dirigeants religieux (les imams) se sont abstenus du divorce dans la mesure du possible. les cas de divorces sont extrêmement rares dans leur vie. ils ne se sont résolus au divorce que lorsqu'ils avaient des raisons tout à fait valables pour le faire. par exemple, l'imam al-bâqir s'était marié avec une femme qu'il aimait beaucoup. mais un jour, il remarqua que cette femme était hostile à l'imam alî ibn abî tâlib et qu'elle avait cultivé de la haine contre lui dans son cur. il fut donc contraint de divorcer davec elle. lorsqu'on lui demanda pourquoi il avait divorcé davec une femme qu'il aimait tellement, il a répondu qu'il ne voulait pas garder à côté de lui une pièce brûlante de l'enfer.(8)


une rumeur sans fondement

il est indispensable de rapporter ici une rumeur infondée et échafaudée par les califes abbâssides, et largement répandue. la rumeur laissait croire que le petit-fils du prophète et le fils de l'imam ali, l'imam al-hassan al-mujtabâ avait l'habitude de multiplier mariages et divorces. on commença à répandre cette rumeur cent ans après le décès de l'imam, et elle fut répandue un peu partout, y compris parmi ses partisans. ceux-ci ne se donnèrent pas la peine de vérifier la véracité ou la fausseté de la rumeur, et sans se rendre compte qu'une telle rumeur ne pourrait pas correspondre à un homme saint qui était parti au pèlerinage à pied, qui avait partagé sa fortune plus de vingt fois avec les pauvres, en en donnant à ceux-ci la moitié et en en gardant lautre moitié pour lui.

pourquoi les abbassides ont-ils répandu cette rumeur ? on sait que lorsque le califat passa des mains des omayyades aux mains des abbassides, les descendants de l'imam al-hassan coopérèrent avec ces derniers, alors que les descendants de l'imam al-hussain, le frère de l'imam al-hassan, et à la tête desquels se trouvait l'imam al-âdiq, s abstinrent daider les abbassides. ceux-ci, au début de leur prise de pouvoir, se montrèrent dociles envers les descendants dal-hassan et ils reconnurent me quils avaient droit au califat plus queux-mêmes. mais au fur et à mesure qu'ils consolidèrent leur pouvoir, ils trahirent leurs alliés et les éliminèrent en les tuant et en les mettant en prison d'une façon traîtresse. pour justifier cette trahison, ils se mirent à calomnier la lignée dal-hassan. parmi les rumeurs qu'ils ont répandues figure celle selon laquelle lancêtre de cette lignée, abû tâlib, l'oncle paternel du saint prophète et le père de l'imam ali, serait mort mécréant, alors qual-abbâs, lautre oncle paternel du prophète, et lancêtre des abbassides, aurait été un bon musulman pendant sa vie et à sa mort. en sappuyant sur cette rumeur, les abbassides voulaient dire qu'ils méritaient le califat mieux que les hassanites, par le fait que leur ancêtre aurait été un musulman alors que lancêtre de ces derniers serait mort incroyant. pour répandre cette rumeur, et bien dautres qu'ils fabriquèrent de toutes pièces, ils dépensèrent des fortunes. un groupe de sunnites ayant cru à cette rumeur déclarèrent abu talib mécréant. mais heureusement, les uléma sunnites qui ont entrepris dernièrement des recherches et des vérifications à ce sujet, ont fini par être mieux éclairés à propos de cette insinuation.

la deuxième rumeur que les abbassides répandirent à propos des hassanites était que lorsque le grand-père de ces derniers, l'imam al-hassan, accéda au califat, après lassassinat de son père l'imam ali, il était trop pris par les femmes, les mariages et les divorces successifs, et il naurait pas pu supporter la responsabilité du califat ; et, par suite, il aurait accepté d'y renoncer en faveur de son pire adversaire (mu'âwiyah) en échange d'une grosse somme dargent, afin de sadonner, lui, aux mariages et aux divorces.

heureusement, là encore, les investigations et les recherches des vérificateurs, faites ultérieurement, ont pu désigner celui qui se trouvait derrière cette rumeur et établir la fausseté de celle-ci. de ces vérifications, il ressort que la première personne de qui l'on ait entendu cette rumeur, était un juge nommé par un calife abbasside, al-mançour al-dawânîqî, qui lui avait ordonné de la répandre. les historiens qui n'ont pas cru à cette rumeur disent : «si l'imam al-hassan s'était marié tant de fois et avec tant de femmes, où est donc passée sa progéniture ? pourquoi na-t-il laissé que si peu d'enfants ? pourtant il n'était ni impuissant ni stérile, et à l'époque ni lavortement ni la contraception n'étaient pratiqués.»