contrairement à laffirmation de cet écrivain, le fait que la polyandrie nait jamais été acceptée par une large partie des gens prouve que l'homme ne considère pas la femme comme une propriété ou un objet, car la participation de plus d'un individu dans la possession d'un bien ou d'une propriété, et le partage de son utilisation, est quelque chose de naturel et admis par toutes les lois humaines dans le monde. si donc l'homme considérait la femme comme un bien ou une propriété, il aurait accepté qu'un autre la partage avec lui comme il accepte qu'un autre sassocie avec lui dans la propriété des objets. ne pouvant pas trouver un seul endroit dans le monde qui refuserait que plusieurs propriétaires possèdent en commun un objet ou un bien, nous ne saurions admettre que la polygamie soit fondée sur lallégation que l'homme considérerait la femme comme une propriété ou un objet, et qu'il désirerait par conséquent en posséder plusieurs.
on dit : «le mari étant un individu tout comme la femme, ils doivent par conséquent avoir des droits égaux. pourquoi l'homme devrait-il avoir le droit de jouir de la polygamie et non pas la femme de la polyandrie ?»
nous répondons à cette interrogation que c'est là l'erreur. vous présumez là que la polygamie fait partie des droits du mari, et que la polyandrie fait partie des droits de la femme. mais le fait est que la polygamie fait partie des droits de la femme, alors que la polyandrie ne fait partie ni des droits de l'homme ni des droits de la femme. elle est contre l'intérêt de l'homme et de la femme en même temps. nous démontrerons plus tard que le système de la polygamie a été adopté par l'islam dans le but de sauvegarder les intérêts de la femme. si son intention avait été de privilégier l'homme, l'islam aurait autorisé l'homme à avoir des liaisons extra-conjugales avec des femmes qui ne seraient pas les siennes, et lui aurait ainsi épargné les responsabilités que lui imposent une femme légale et des enfants légitimes.
la polyandrie na jamais été dans l'intérêt de la femme. ce n'est donc pas un droit dont elle aurait été privée.
cet écrivain, dont nous avons cité les propos, a dit : «nous cherchons à faire comprendre aux hommes que l'opinion qu'ils ont de la femme n'est fondée sur aucune base solide.»
cela tombe bien, car c'est justement ce que nous voulons faire. ainsi, dans les chapitres suivants, nous nous proposons d'expliquer la base des vues islamiques relatives à la polygamie.
nous invitons tous les gens qui réfléchissent à les examiner et à voir si elles sont fondées ou non sur une base solide. nous donnons notre parole d'honneur que nous retirerions tout ce que nous avons dit, s'il était établi, par quiconque, que la base du point de vue islamique est défective.
le désir de l'homme de jouir du plaisir sensuel et sa domination sur la femme ne constituent pas une cause suffisante pour l'émergence de la polygamie. il doit y avoir dautres raisons qui y ont contribué. car, pour un homme licencieux, rien n'est plus facile que davoir des liaisons passagères avec des amantes et de profiter de la liberté sexuelle pour satisfaire ses désirs, car cela lui évite les responsabilités qu'entraînent le lien du mariage et la naissance des enfants qui s'ensuit.
c'est pourquoi, dans les sociétés où le système de la polygamie prévaut, soit ce sont les valeurs morales et sociales qui se dressent comme obstacle devant le désir d'un homme qui cherche la variété et la jouissance passagère avec des amantes, et l'obligent par conséquent à payer le tribut de sa gourmandise sexuelle par lacceptation du mariage légal et de toutes les responsabilités qui en découlent, soit il y a dautres raisons qui imposent cette situation (la polygamie), tels que des facteurs géographiques, économiques ou sociaux.
montesquieu et gustave le bon insistent sur les conditions climatiques qu'ils présentent comme étant la cause principale du développement de la polygamie. ces penseurs croient que le climat en orient est tel que la polygamie y est inévitable. ils disent que, dans les pays orientaux, la femme atteint la puberté et la vieillesse très tôt, ce qui conduit l'homme à avoir une deuxième et une troisième femmes pour satisfaire son besoin sexuel. en outre, ils estiment qu'une seule femme ne saurait satisfaire l'énergie sexuelle d'un homme dans un tel climat.
gustave le bon dit dans son livre "histoire de la culture arabe et islamique" : «la coutume de la polygamie na pas été introduite par la religion. c'est la coutume des conditions climatiques, des caractéristiques raciales et dautres causes dans la vie de l'orient. on na pas besoin de démontrer que ce sont là des facteurs très importants et influents. en outre, la nature et la structure des femmes orientales, le fait qu'elles aient à élever leurs enfants, l'existence de certaines maladies, et bien dautres facteurs similaires obligent l'homme à s'écarter de sa femme pendant un certain temps. et étant donné que le climat oriental et la physiologie particulière des hommes de ces régions rendent l'éloignement de la femme difficile à supporter par les hommes, ceux-ci se trouvent obligés de recourir à la polygamie.»
dans "l'esprit des lois", montesquieu dit : «dans les pays au climat chaud, les filles atteignent la puberté à l'âge de huit ans, neuf ans et dix ans. elles tombent enceintes tout de suite après le mariage, au point qu'on peut dire qu'elles se marient et tombent enceintes presque en même temps.» etablissant une biographie du prophète de l'islam, un autre écrivain européen dit : «le prophète s'est marié avec khadîjah alors qu'elle navait que cinq ans et il a consommé le mariage lorsqu'elle a eu huit ans. a cause de ce mariage précoce, les femmes dans les pays tropicaux deviennent vieilles à l'âge de vingt ans. elles sont donc déjà vieilles avant ou dès qu'elles atteignent la maturité. en revanche, dans les pays au climat modéré, les femmes conservent leur charme et leur beauté pendant longtemps. elles atteignent l'âge de la puberté plus tard et sont plus matures et expérimentées à l'âge du mariage. elles mettent des enfants au monde à un âge relativement avancé, et elles vieillissent presque en même temps que leurs maris. voilà comment est établie l'égalité entre l'homme et la femme, et pourquoi les hommes n'ont pas besoin de plus d'une femme... c'est pour cela que nous disons que l'interdiction de la polygamie en europe, et son autorisation en asie, sont liées aux conditions climatiques.»
cette explication est tout à fait erronée. car tout dabord la polygamie n'est pas confinée aux régions tropicales de l'orient. pendant l'époque pré-islamique, cette coutume était répandue en iran où le climat na rien de tropical. il est tout à fait puéril de dire que dans les régions tropicales les femmes deviennent vieilles à l'âge de 20 ans, comme lallègue montesquieu. et c'est encore plus fantastique de prétendre que le prophète de l'islam se serait marié avec khadîjah alors qu'elle navait que cinq ans et qu'il aurait consommé le mariage quand elle est arrivée à l'âge de huit ans, car il est de notoriété publique quau moment de leur mariage, khadîjah avait 40 ans, et le prophète 25 ans.
ensuite, si l'on admettait que la précocité de la vieillesse des femmes et l'intensité de la virilité des hommes soient la cause de la polygamie, pourquoi les peuples orientaux n'ont-ils pas adopté la pratique de lamour libre et de la débauche comme l'ont fait les occidentaux, aussi bien au moyen age qu'à l'époque moderne. en occident, comme la souligné gustave le bon, la monogamie n'existe que dans les codes civils, et na aucune trace dans la vie quotidienne.
rappelons-le encore. en orient, la polygamie existe sous une forme légale, et l'homme doit accepter la femme avec laquelle il désire avoir une liaison comme étant son épouse légale, et supporter la responsabilité de ses enfants, alors qu'en occident, la polygamie se pratique illégalement et clandestinement, et l'homme sadonne à lamour libre et échappe aux responsabilités matrimoniales.
il convient de faire un bref exposé sur la polygamie en europe pendant le moyen age, daprès le récit qu'en a fait un éminent historien occidental. cet exposé devrait convaincre ceux qui critiquent l'orient pour sa polygamie que, malgré ses défauts, celle-ci est beaucoup plus digne que ce qui se pratiquait en europe.
will durant écrit dans son livre "histoire de la civilisation" (vol. 17) un chapitre intéressant intitulé "la dissolution des murs", où il décrit l'état des murs en italie pendant la renaissance. ci-après un résumé d'un sujet intitulé "les relations sexuelles" extrait de ce livre.
«avant de parler des murs des gens irreligieux, et de leurs relations sexuelles, il convient de rappeler tout dabord que l'homme tend, de par sa nature, à la polygamie, et qu'on ne peut lui imposer la monogamie que par l'existence de restrictions morales vigoureuses, un certain degré de pauvreté, un travail dur, et une surveillance constante de la part de sa femme.
«on ne peut affirmer que ladultère chez les femmes était moins répandu au moyen age que pendant la renaissance. de même que ladultère se pratiquait sous le couvert de la chevalerie, de même, pendant la renaissance, elle se dissimulait sous l'habit des bonnes manières et de l'esprit raffiné du beau sexe. les filles issues de familles respectables étaient gardées, dans une certaine mesure, à l'écart des hommes étrangers à la famille, et on leur enseignait les mérites de la chasteté pré-maritale. parfois de tels enseignements savéraient exceptionnellement fructueux. en effet, on rapporte qu'une jeune femme se jeta dans l'eau après avoir été violée. c'était sans doute un cas exceptionnel de suicide, puisque l'evêque se donna la peine d'ériger une statue à sa mémoire après sa mort.»
«le nombre de liaisons pré-maritales devait être considérable, si l'on en juge par les innombrables enfants illégitimes que l'on trouvait dans chaque ville italienne. on était fier si on navait pas d'enfants illégitimes, mais on navait pas honte si on en avait. habituellement, si un mari voulait persuader une femme de se marier avec lui, il lui promettait d'élever son enfant illégitime avec les siens, et cela ne choquait personne. par ailleurs on pouvait obtenir facilement un certificat de légitimité en payant un dessous de table à l'ecclésiastique. en labsence d'un héritier légal ou désigné, un fils illégitime pouvait hériter une propriété et même une couronne, puisque frante-i succéda à alfonso-i, le roi de naples. lorsque, en 1459 pius-ii vint en bavière, il fut reçu par sept princes qui étaient tous des enfants illégitimes. la rivalité entre les fils légitimes et illégitimes était une cause importante d'une longue série dagitations pendant la renaissance. concernant l'homosexualité, elle était pratiquée sous le prétexte de ressusciter danciennes traditions grecques.
«san bernardino a trouvé cette perversion si courante à naples qu'elle pouvait menacer cette ville du même sort que sodome. artino a constaté que l'homosexualité était aussi répandue à rome. il en va de même pour la prostitution. en 1490, parmi une population de 90000 âmes, il y avait 6800 prostituées officielles, sans compter les clandestines. selon les statistiques de 1509, parmi une population de 300000 que comptait cette ville, il y avait 11654 prostituées. au xve siècle, une fille qui atteignait l'âge de 15 ans sans s'être mariée était considérée comme une honte pour la réputation de sa famille. au xvie siècle, cet "âge de disgrâce" fut porté à 17 ans, afin de permettre à la fille davoir une meilleure éducation. les hommes qui avaient toutes les facilités pour jouir sexuellement, grâce à une large disponibilité de prostituées, n'étaient attirés par le mariage que si la femme proposée promettait dapporter une dot très conséquente. selon le système du moyen age, le mari et la femme se devaient en principe de saimer mutuellement et de partager bonheur et malheur. c'était souvent le cas. cependant ladultère était rampant. la plupart des mariages dans les classes supérieures étaient des unions diplomatiques contractées pour des raisons politiques et économiques, ce qui amenait les hommes à croire qu'ils avaient le droit davoir des maîtresses. auquel cas, leurs épouses étaient obligées de garder et de dissimuler leur colère et leur frustration.
«dans les classes moyennes, certains hommes considéraient ladultère comme une jouissance légitime. machiavel et ses amis ne se gênaient pas pour se raconter leurs aventures extra-conjugales, et lorsque leurs femmes décidaient de se venger en se livrant elles aussi à des aventures extra-conjugales, leurs maris ne se sentaient pas offensés, gênés, ni jaloux.»
c'était là un échantillon de ce qui se passait dans des pays qui considérent la polygamie comme un crime impardonnable de l'orient, et qui, à l'occasion, rendent le climat responsable de cette coutume présumée "inhumaine". quant à leur climat, il ne leur permettait évidemment jamais de tromper leurs femmes, ni de violer le système de la monogamie !
a propos, il est à rappeler que labsence de la polygamie légale parmi les européens -peu importe qu'elle soit une bonne ou une mauvaise chose- n'est nullement due à la religion chrétienne. car aucun texte dans cette religion n'interdit la polygamie. bien au contraire, étant donné que jésus christ a confirmé les enseignements de lancien testament, lequel reconnaît la polygamie, on pourrait dire que le christianisme autorise la polygamie, et les anciens chrétiens l'ont pratiquée effectivement. donc le refus de l'occident de la polygamie légale devrait avoir dautres causes.
daucuns attribuent la polygamie aux menstrues de la femme et à son aversion pour lacte sexuel pendant cette période, ainsi qu'à sa fatigue après laccouchement et à son désir de se consacrer à lallaitement et à l'éducation de ses enfants.
will durant écrit : «dans les sociétés primitives, les femmes vieillissent précocement, ce qui les conduit à encourager leurs maris à épouser une seconde femme, afin qu'elles aient plus de temps pour lallaitement de leurs enfants, et afin que l'intervalle entre une grossesse et la suivante se prolonge sans que cela contrarie le désir du mari davoir plus d'enfants et de jouir sexuellement. en outre, avec une seconde femme, la première peut être soulagée des tâches ménagères, tout en ayant la satisfaction de voir la famille s'enrichir par de futurs nouveaux enfants sans qu'elle ait à en subir les principales peines.»
il ne fait pas de doute que les menstrues, la grossesse et la période post-natale font que les positions de la femme et de l'homme sont sexuellement dissemblables.
toutes ces raisons poussent l'homme à avoir une seconde femme, mais elles ne peuvent constituer à elles seules la cause de la polygamie, à moins qu'elles soient accompagnées d'un facteur moral ou social qui empêche l'homme de satisfaire ses besoins sexuels avec des maîtresses et extra-conjugalement. les facteurs ci-dessus ne peuvent être efficaces que lorsque l'homme na pas la liberté de satisfaire sans restrictions ses désirs sexuels.
certains croient que la limitation de la période de fécondité de la femme et sa ménopause sont la cause de la pratique de la polygamie, car il peut arriver qu'une femme atteigne l'âge de ménopause sans avoir pu mettre au monde le nombre voulu d'enfants, ou que ses enfants soient morts. dans un tel cas, le mari ne veut pas se séparer de sa femme, mais en même temps il désire avoir encore des enfants, et il na en conséquence dautre alternative que de se remarier une deuxième, voire une troisième fois. de même, la stérilité de la première femme peut être une autre raison qui amène un mari à épouser une seconde femme.
certains facteurs économiques aussi ont été invoqués comme étant les causes de la polygamie. on dit que, dans les temps anciens, le fait davoir un grand nombre de femmes et d'enfants était considéré comme un avantage économique. l'homme faisait travailler ses femmes et ses enfants, et les traitait comme des esclaves. la plupart des esclaves n'étaient pas capturés dans les batailles, mais vendus par leurs pères.