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cela peut constituer une cause de la polygamie, dans la mesure où l'homme ne peut avoir d'enfants qu'en acceptant que la femme proposée pour les mettre au monde soit sa femme légale. lamour libre ne peut assurer cet avantage. en tout cas, cette cause ne saurait expliquer tous les cas de polygamie. car si nous supposons que la polygamie soit née chez les populations primitives pour cette raison -ce qui ne fut pas le cas dans toutes les populations- il faut savoir qu'elle a été répandue plus chez les classes aisées -les rois, les princes, les dirigeants, les grands commerçants- que chez les pauvres. donc cette supposition n'est pas valable. car, comme nous le savons, ces classes n'ont jamais exploité économiquement leurs femmes et leurs enfants.


le facteur de nombre et de tribu

le désir davoir beaucoup d'enfants et de former une famille nombreuse était un autre facteur de l'émergence de la polygamie. ce qui fait la disparité entre l'homme et la femme sur ce plan est le fait que le nombre d'enfants qu'une femme puisse engendrer, que ce soit avec un homme ou avec plusieurs, reste limité, alors que le nombre d'enfants qu'un homme peut avoir dépend du nombre de femmes avec lesquelles il se marie. ainsi, un homme pourrait faire des milliers d'enfants s'il avait la possibilité de se marier avec des centaines de femmes. a la différence de ce qui se passe dans le monde moderne, le nombre des membres d'une famille dans lancien monde était considéré comme un facteur social important. les tribus et les clans faisaient tout pour accroître leur nombre. dans le monde ancien, on était fier dappartenir à une grande tribu. or, il est évident que la polygamie était le seul moyen davoir une famille ou une tribu nombreuse.


la supériorité numérique des femmes

le dernier et le plus important facteur ayant contribué à lapparition de la polygamie était la supériorité numérique des femmes. cette supériorité n'était évidemment pas due à un taux de naissance de filles supérieur à celui des garçons, car si, par hasard, quelque part le taux de naissance des filles est plus important que le taux de naissance des garçons, ailleurs c'est le contraire qui peut se produire. la raison de cette supériorité numérique des femmes candidates au mariage s'explique surtout par le taux de mortalité élevé chez les hommes, lesquels avaient toujours, à l'exclusion des femmes, la charge de s'engager dans les guerres interminables entre les tribus, les clans, les régions, etc. dans ce cas, si on avait appliqué strictement la monogamie, beaucoup de femmes seraient restées célibataires, sans maris légaux, sans enfants légaux, et sans un foyer conjugal.

il ne fait pas de doute que cette situation prévalait au moins dans les sociétés primitives. nous avons déjà cité les propos de will durant qui expliquait que dans ces sociétés primitives la vie de l'homme était constamment menacée, parce qu'il faisait toujours la chasse et la guerre, et que de ce fait le taux de la mortalité chez les hommes y était supérieur à celui des femmes. donc, puisque le nombre des femmes augmentait sans cesse, on se trouvait devant cette alternative : ou adopter la polygamie, ou condamner un grand nombre de femmes à rester célibataires leur vie durant.


récapitulation

nous avons énuméré ci-dessus tous les facteurs qu'on puisse présumer être à l'origine de la polygamie. comme vous avez dû le constater, certains de ces facteurs, comme le climat, ne jouent en fait aucun rôle dans l'émergence de la polygamie. c'est pourquoi nous les négligeons. il reste donc trois autres facteurs qui méritent d'être discutés.

1 - le premier facteur est le facteur économique. on peut le considérer comme une cause illégitime et illégale, et il ne peut s'expliquer que comme une injustice, une agression et une oppression. car il est évident que la vente d'un fils est l'un des actes les plus sauvages que l'homme ait connus, et le désir de recourir à la polygamie dans ce but et avec cette intention est en soi une intention sauvage et injuste comme lacte lui-même.

2 - la deuxième catégorie de facteurs qui méritent d'être discutés et considérés comme un droit et une justification pour l'homme et la société de lacceptation de la polygamie, comprend notamment l'exemple de la stérilité de la femme ou de sa ménopause, ou celui du besoin de l'homme d'un fils, et de la tribu ou de la nation daugmenter le nombre de ses membres. en règle générale, tous les facteurs qui placent l'homme et la femme dans une position d'inégalité sur le plan sexuel, ou sur le plan de la procréation, deviennent une justification de la polygamie.

3 - il y a une troisième catégorie de facteurs qui, si l'on suppose leur existence dans le passé ou à présent, constituent non seulement une justification pour l'homme ou la société, de l'institution de la polygamie, mais aussi un droit pour la femme et un devoir pour l'homme et la société, de ladopter : il sagit du cas où le nombre des femmes dépasse celui des hommes. ainsi, si l'on suppose qu'il arrive que le nombre de femmes proposées au mariage dépasse celui des hommes prêts à se marier, de telle sorte que le système de la monogamie conduise à priver un certain nombre de femmes de la possibilité de se marier et de former un foyer conjugal comme tout le monde, l'institution du système de la polygamie deviendrait un droit pour ces femmes privées de mari, et un devoir pour les hommes. en dautres termes, les hommes auraient le devoir de la mettre en pratique, et les épouses devraient laccepter.

le droit au mariage est un droit fondamental, et personne ne doit en être privé sous aucun prétexte. la société ne doit rien entreprendre qui puisse priver une partie de la population de ce droit.

le droit au mariage est un droit naturel, au même titre que la liberté, le droit au travail, le droit à la nourriture, à un logement et à l'éducation. c'est pourquoi les droits naturels de l'homme répugnent à la loi de la monogamie lorsque le nombre des femmes en âge de se marier dépasse celui des hommes disponibles. c'était, du moins, le cas dans le passé.

dans le chapitre suivant nous allons voir s'il existe encore des circonstances qui, non seulement justifient la polygamie, mais aussi font de celle-ci un droit pour les femmes, et si de telles circonstances n'existent plus, quelle est la position de ce droit vis-à-vis du droit de la première épouse.


le droit de la femme à la polygamie

nous avons déjà expliqué les causes de l'échec de la polyandrie et du succès de la polygamie, et montré les multiples facteurs qui ont concouru à lapparition de celle-ci. certains de ces facteurs proviennent de l'esprit de domination et d'oppression chez l'homme, dautres émanent de la disparité entre l'homme et la femme sur le plan de la durée de leur faculté de procréation et du nombre d'enfants que chacun d'eux pourrait avoir. la dernière catégorie de facteurs peut être considérée comme une justification de la polygamie. mais la cause principale de celle-ci à travers l'histoire a été la supériorité numérique des femmes candidates au mariage sur les hommes. cette cause conduit à la création d'un droit pour la femme et d'une obligation pour l'homme.

afin d'éviter d'entrer dans de longues discussions, nous passons l'éponge sur les facteurs justifiant la polygamie, pour nous concentrer sur la principale cause qui, lorsqu'elle existe, fait de la polygamie un droit pour la femme.

pour que ce droit soit établi, il faut que deux choses se réalisent :

1 - il faut qu'il soit établi, statistiques à lappui, que le nombre des femmes candidates au mariage dépasse nettement celui des hommes disponibles.

2 - l'existence réelle de circonstances qui créent un droit, pour les femmes privées de mariage, sur les hommes et femmes mariés.

concernant le premier point, fort heureusement, il y a des statistiques authentiques dans le monde moderne. un recensement a lieu périodiquement dans chaque pays. dans les pays avancés, les statistiques recensent non seulement le nombre des hommes et le nombre de femmes, mais aussi leur nombre respectif dans chaque tranche d'âge. ces statistiques sont régulièrement publiées par les nations unies dans leurs rapports annuels sur la population du monde. nous avons devant nous le rapport de 1964, publié en 1965.

il est à souligner qu'il ne suffit pas de connaître le nombre de personnes de sexe masculin ou de sexe féminin dans un pays donné ; ce qu'il importe de savoir c'est le nombre de femmes et d'hommes "mariables". car le nombre des femmes et des hommes "mariables" diffère souvent de leur nombre total respectif, et ceci pour deux raisons :

1 - l'âge de la puberté arrive plus tôt chez les filles que chez les garçons, et c'est la raison pour laquelle l'âge légal du mariage pour les filles est plus bas que pour les garçons, dans tous les codes civils du monde. et, sur le plan pratique, nous constatons que l'âge du mariage chez les hommes dépasse en moyenne de cinq ans celui de leurs femmes dans la plupart des régions du monde.

2 - la deuxième raison -et elle est plus importante que la première- est que, bien que le taux de naissance des filles ne soit pas supérieur à celui des garçons dans certaines régions du monde -et parfois même, c'est le contraire qui se produit- le taux de mortalité chez les garçons est supérieur à celui des filles, ce qui crée un déséquilibre entre le nombre des filles et des garçons en âge de se marier. ainsi il arrive parfois que le nombre des filles en âge de se marier soit largement plus grand que celui des garçons "mariables". c'est pourquoi il est possible que le nombre total des personnes de sexe masculin soit égal à celui des personnes de sexe féminin dans un pays donné, alors que le nombre des filles en âge de mariage soit supérieur à celui des garçons "mariables".

le rapport de la population des nations unies pour lannée 1964 atteste ces faits.

par exemple, selon ce rapport, la population totale de la république de corée est de 26277635 âmes. sur ce total, 13145289 personnes sont de sexe masculin, et 13132346 de sexe féminin. donc le nombre de la population masculine dépasse de 12943 personnes celui de la population féminine. cette proportion se maintient dans les tranches des enfants âgés de moins d'un an, de 1 à 4 ans, de 5 à 9 ans, de 12 à 14 ans et de 15 à 19 ans.

les statistiques montrent que, dans toutes ces tranches d'âge, le nombre des garçons est supérieur à celui des filles. mais dans le groupe de personnes âgées de 20 à 24 ans la proportion change. dans cette tranche d'âge, le nombre total des personnes de sexe masculin est de 1083364 et le nombre total des personnes de sexe féminin est de 1110051. dans toutes les tranches d'âge supérieur, dont les représentants sont des gens en âge de se marier, le nombre de personnes de sexe féminin est plus grand.

pourtant, il est à noter que la composition de la population dans la république de corée est exceptionnelle dans la mesure où, dans le nombre total de la population, les personnes de sexe masculin sont plus nombreuses que les personnes de sexe féminin, alors que dans l'écrasante majorité des pays du monde le nombre de personnes de sexe féminin dépasse celui des personnes de sexe masculin dans le nombre total de la population et non seulement dans la catégorie des personnes "mariables". ainsi, en union soviétique par exemple, la population totale compte 216101000 âmes dont 97840000 de sexe masculin et 118261000 de sexe féminin, et cette différence dans le nombre des deux sexes reste constante dans les tranches d'âge davant le mariage ainsi que dans celles de mariage, soit dans les tranches de 20-24, 25-29, 30-34... 80-84.

il en va de même pour dautres pays, comme langleterre, la france, lallemagne de l'ouest, lallemagne de l'est, la tchécoslovaquie, la pologne, la roumanie, les etats-unis, le japon, etc. et ce, sans parler de certaines régions, à berlin est et berlin ouest par exemple, où la disparité entre le nombre de personnes de sexe féminin et de sexe masculin est anormalement grande.

en inde, dans le groupe d'âge de personnes "mariables", le nombre des hommes excède celui des femmes. c'est seulement dans la tranche d'âge de 50 ans et plus que le nombre des femmes est supérieur. apparemment ce manque de femmes supposé est dû au fait que beaucoup de gens dans ce pays naimeraient pas mentionner les noms de leurs jeunes femmes et jeunes filles aux agents de recensement.

selon les tableaux du dernier recensement, l'iran est l'un des rares pays où le nombre de personnes de sexe masculin dépasse celui des représentants de lautre  sexe.

il est surprenant d'entendre certains critiques insister pour que la loi autorisant la polygamie soit abolie au moins dans les pays où le nombre des hommes excède celui des femmes. car tout dabord, cette loi est universelle. elle na pas été promulguée pour un pays en particulier. puis, il ne suffit pas de connaître la proportion des femmes et des hommes dans la population totale d'un pays, pour décider que la polygamie ne s'y justifie pas. nous avons vu que dans la république de corée, bien que le nombre des hommes soit plus grand que celui des femmes dans la population totale, il y a plus de femmes que d'hommes dans la tranche d'âge des personnes en âge de se marier. de plus, les tableaux du recensement ne sont pas crédibles dans beaucoup de pays. par exemple, nous savons avec certitude que bien que la polygamie ait été courante en iran aussi bien dans les zones urbaines que rurales, il n'y a jamais eu de prétendue pénurie de femmes prêtes au mariage. les faits sont plus éloquents que les tableaux de recensement.

dans son livre "la femme, le sexe supérieur", ashley montague admet qu'à travers le monde le nombre de femmes "mariables" excède celui des hommes en âge de se marier.

les statistiques de 1950 montrent que le nombre des femmes en âge de se marier en amérique dépasse d'environ un million quatre cent trente mille, celui des hommes des mêmes tranches d'âge.

bertrand russel écrit dans son livre "le mariage et la morale" que dans langleterre daujourd'hui le nombre des femmes excède de deux millions celui des hommes. selon la coutume, elles doivent rester pour toujours sans enfants, ce qui est une grande privation pour elles.

il y a quelques années, des articles ont paru dans la presse, expliquant qu'à la suite de grandes pertes, parmi les hommes, que lallemagne avait subies pendant la seconde guerre mondiale, un grand nombre de femmes ont été privées d'un mari légal et d'un foyer conjugal. ces femmes ont par conséquent exercé beaucoup de pressions sur le gouvernement pour qu'il abolisse la loi de la monogamie et établisse la loi de la polygamie. le gouvernement allemand a demandé alors officiellement à l'université islamique dal-azhar (au caire) des conseils à ce sujet. mais par la suite l'eglise s'y est énergiquement opposée, préférant priver les femmes de leur droit à un mari et à un foyer conjugal, ou plutôt, elle a préféré la propagation de la turpitude à ladoption d'un programme islamique.


pourquoi y a-t-il plus de femmes que d'hommes en âge de se marier ?

bien que le taux de naissance des filles ne soit pas plus élevé que celui des garçons, il y a plus de femmes en âge de se marier que de garçons de la même tranche d'âge. la raison en est claire. le taux de mortalité des hommes est supérieur à celui des femmes. la mort survient généralement pour un homme alors qu'il est normalement chef de famille. si nous prenons en compte la mort accidentelle, celle qui survient dans une guerre, à la suite d'une noyade, d'une chute, d'un accident de voiture, etc. nous pouvons constater que dans la plupart des cas d'une telle mort, la victime est un homme, et rarement une femme. lorsqu'une guerre est livrée, et lorsqu'il y a un conflit entre l'homme et la nature, la plupart des victimes sont des adultes de sexe masculin. pour savoir pourquoi la balance entre les hommes et les femmes en âge de se marier est déséquilibrée, il suffit de se rendre compte que depuis le début de l'histoire de l'humanité, il ne s'est pas passé un seul jour sans qu'il y ait une guerre et des victimes parmi ceux qui la livrent.

les victimes de guerres pendant l'ère industrielle sont cent fois plus nombreuses que ceux qui mouraient pendant l'ère de la chasse ou de lagriculture. durant les deux dernières guerres mondiales, le nombre des victimes a été estimé à soixante-dix millions de personnes. ce nombre est équivalent à ce que l'humanité a perdu en hommes pendant plusieurs siècles qui ont précédé le nôtre. et si l'on prend en considération les pertes dues aux guerres qui sont survenues pendant les dernières années en extrême-orient, au moyen-orient et en afrique, ou qui s'y déroulent encore vous serez daccord avec nous sur ce point.