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LES DROITS DE LA FEMME EN ISLAM

(ayatolah mortadha motahhary)

traduit et édité par:
Abbas Ahmad Al-Bostani

 

 


table des matières

   prologue
   preface
   le problème des relations familiales
   devrions-nous imiter l'occident ou être indépendants ?
   la contrainte de l'histoire
   l'independance sociale
   de la femme
   indépendance dans le choix de son destin
   le mariage avant la naissance
   l'échange de filles
   le mouvement islamique de libération des femmes
   la permission des parents
   l'homme soumis à la volupté, la femme prisonnière de lamour
   l'islam et la vie moderne
   l'islam et les exigences de l'époque moderne.
   objections
   avec quoi le temps est-il lui-même compatible ?
   adaptation ou abrogation ?
   l'islam et la vie moderne ii
   les esprits rigides et les ignorants
   une parabole du coran
   l'islam et la modernité (iii)
   1 - la nature du changement :
   2 - le secret de la flexibilité des lois islamiques :
   l'insistance sur le fond et l'indifférence à la forme
   des lois fixes pour des besoins immuables, et des lois variables pour des besoins changeants
   la question du changement de lalphabet
   ce qui est interdit, ce n'est pas le port d'un chapeau, mais la dépendance des autres
   ce qui est important et ce qui est plus important
   les lois qui ont le droit de veto
   les compétences du gouvernant
   le principe de l'ijtihâd
   la position de la femme
   dans le coran
   egalité ou similarité
   la position de la femme dans la vision islamique
   ressemblance, non ; egalité, oui
   la déclaration des droits de l'homme est une philosophie et non une loi
   la philosophie ne peut pas être prouvée par des sondages
   un coup d'oeil sur l'historique des droits de la femme en europe
   la dignité de l'homme et les droits de l'homme
   remarques importantes sur le préambule de la déclaration des droits de l'homme
   la position et le respect de l'homme
   la philosophie occidentale dévalorise l'homme
   les fondements naturels
   des droits familiaux
   les relations entre les droits naturels et les buts de la nature
   les droits sociaux
   les droits familiaux
   les fondements naturels des droits familiaux ii
   la vie familiale est-elle naturelle ou contractuelle ?
   la théorie des quatre étapes
   la femme dans sa nature
   les differences entre
   l'homme et la femme
   sagit-il de rapport de complémentarité ou de perfection et d'imperfection ?
   la théorie de platon
   aristote et platon
   l'opinion du monde moderne
   deux sortes physiques différentes
   deux psychologies différentes
   les sentiments réciproques de l'homme et de la femme
   les différences entre l'homme et la femme  ii
   la pièce maîtresse de la création
   une relation plus sublime que le désir
   la différence dans les sentiments réciproques de l'homme et de la femme
   un mouvement hâtif
   la théorie de will durant
   la dot
   et l'entretien
   un bref historique de la dot
   la dot dans le système islamique de droits
   un coup d'oeil sur l'histoire
   la vraie philosophie de la dot (ou le cadeau de mariage)
   la dot dans le coran
   la qualité des sentiments parmi les animaux
   les cadeaux dans les relations illicites
   lamour est plus naturel que le mariage chez les européens
   la dot et la pension (ii)
   les coutumes pré-islamiques abolies par l'islam
   l'islam a son propre système de dot
   des critiques !!
   la dot et l'entretien iii
   la mise en quarantaine de la femme européenne jusqu'à la seconde moitié du xixe siècle
   pourquoi l'europe a-t-elle accordé subitement l'indépendance économique à la femme?
   le coran et l'indépendance économique de la femme
   comparaison
   des critiques et leur réponse
   trois sortes d'entretiens
   la femme moderne ne veut-elle pas de dot et d'entretien ?
   sauvegarder les intérêts économiques de la femme
   pourquoi décrier tant l'entretien de l'épouse ?
   l'etat remplace le mari
   la déclaration universelle des droits de l'homme a-t-elle humilié la femme
   ?
   l'heritage
   pourquoi la femme était-elle privée d'héritage ?
   l'héritage du fils adoptif
   l'héritage d'un allié
   la femme, une partie de l'héritage
   l'héritage de la femme en iran, à l'époque sassanide
   l'héritage de la femme en islam
   l'objection des "occidentalisants"
   l'objection des hérétiques à la loi de l'héritage pendant les premiers temps de l'islam
   le divorce
   laugmentation du nombre des divorces dans la vie moderne
   l'environnement américain est propice au  divorce
   cinq théories
   le divorce ii
   les divorces ignobles
   une rumeur sans fondement
   pourquoi l'islam na-t-il pas prohibé le divorce ?
   le droit au divorce iii
   les lois naturelles concernant le mariage et le divorce
   le mariage signifie attachement et union, alors que le divorce signifie séparation et sécession.
   la position naturelle de l'homme dans la vie familiale
   les opinions d'une femme psychologue
   une structure fondée sur les sentiments
   ce qui consolide la structure familiale est quelque chose de plus que l'égalité
   l'egalité dans la corruption
   le divorce iv
   la nature de la paix familiale est différente de celle des autres sortes de paix
   que faire dans une telle situation ?
   le droit au divorce v
   le droit de l'homme au divorce émane de son rôle spécial et non d'un quelconque droit de propriété
   le divorce est une libération dans un certain sens
   la peine prévue pour le divorce
   la délégation du droit de divorce à la femme
   le divorce juridique
   certains cas de mariage sont-ils incurables comme le cancer ?
   les impasses
   le dilemne du divorce
   l'opinion de layatollâh al-hillî
   l'opinion de cheikh al-tûcî
   le mariage
   a durée déterminée
   la vie moderne et le mariage à durée déterminée
   les adolescents et la crise sexuelle
   que choisir : une vie monacale temporaire, un communisme sexuel, ou un mariage à durée déterminée ?
   le mariage d'essai
   russel et sa théorie de mariage à durée déterminée
   le mariage à durée déterminée ii
   l'historique des croyances
   des objections
   le mariage à durée déterminée et le harem
   les causes sociales de la formation du harem
   le mariage à durée déterminée a-t-il été institué pour faciliter la licence ?
   le harem et le monde moderne
   le 2ème calife a interdit le mariage à durée déterminée
   la polygamie
   le communisme sexuel
   l'opinion de platon
   la polyandrie
   les défauts de la polyandrie
   la polygamie ii
   l'islam et la polygamie
   les causes historiques de la polygamie i
   les causes de l'échec de la polyandrie
   l'echec du collectivisme sexuel
   les causes historiques de la polygamie (ii)
   les facteurs géographiques
   la polygamie en occident
   les menstrues
   les limites de la période de la fécondité chez les femmes
   les facteurs économiques
   le facteur de nombre et de tribu
   la supériorité numérique des femmes
   récapitulation
   le droit de la femme à la polygamie
   pourquoi y a-t-il plus de femmes que d'hommes en âge de se marier ?
   la femme résiste mieux que l'homme aux maladies
   la polygamie est un droit de la femme
   la théorie de russel
   la polygamie prohibée, l'homosexualité autorisée !
   l'homme est-il polygame par nature ?
   la polygamie, un facteur de maintien de la monogamie
   les finasseries de l'homme moderne
   la crise résultant de l'existence de femmes sans maris
   les diverses réactions au nombre excédentaire des femmes
   les inconvénients et les défauts de la polygamie
   la méthode correcte de recherche
   sous un angle psychologique
   sous langle du comportement et de l'éducation
   sous langle moral
   sous langle légal
   sous langle philosophique
   la théorie de la polygamie en islam
   la limitation
   la justice et le traitement égal
   la crainte de ne pas être juste
   les harems
   dautres conditions
   l'homme moderne et la polygamie
   notes

 


prologue

 

les exigences de notre époque nous incitent impérativement à repenser beaucoup de questions vitales, et à ne pas nous contenter de leur appréciation antérieure. le système des droits et des devoirs conjugaux est l'une de ces questions.

pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons plus loin, on a présumé que la question fondamentale dans ce domaine est celle de la liberté de la femme et de l'égalité de ses droits avec ceux de l'homme, et que les autres questions sont subordonnées à cette question fondamentale.

toutefois, à notre avis, la question la plus fondamentale ou tout au moins, l'une des questions les plus fondamentales relatives aux droits familiaux est de savoir si le système domestique est indépendant de tous les autres systèmes sociaux et qu'il a ses propres critères et logiques spécifiques, ou s'il est tout simplement l'un des nombreux systèmes sociaux sur lequel sappliquent les mêmes critères et philosophie qui régissent les autres.

la raison de cette interrogation est que, d'une part, dans ce système, les principales parties concernées appartiennent à deux sexes opposés, et, dautre part, il implique la procréation et la succession des parents et des enfants. la nature a façonné d'une façon différente les organes de reproduction des deux parties.

la société domestique est semi-naturelle et semi-contractuelle. elle est dans une position intermédiaire entre la société instinctive -telles celles des abeilles et des fourmis dont les droits et les devoirs sont prédéterminés par la nature et sans aucune possibilité de sortir des règles- et la société contractuelle, telle la société civile des êtres humains, laquelle a un aspect naturel ou instinctif.

comme on le sait, les anciens philosophes considéraient la philosophie de la vie familiale comme une branche indépendante de la "sagesse pratique" et croyaient à l'existence d'une logique et d'un critère spécifique à cet aspect de la vie humaine. ainsi, platon, dans "la république", et aristote, dans "la politique", et avicenne, dans "al-chifâ'" avaient regardé ce sujet sous cet angle.

en ce qui concerne les droits de la femme dans la société, il y a là encore une controverse et une interrogation sur le point de savoir si les droits naturels et humains de la femme et de l'homme sont identiques ou différents, ou en dautres termes si les droits accordés par la nature aux êtres humains sont mono-sexuels ou bi-sexuels, et si la sexualité masculine ou féminine affecte ou non, d'une manière ou d'une autre, les droits et les obligations humains.

dans le monde occidental, un mouvement des droits de l'homme émergea au 17e siècle, accompagnant l'essor des mouvements philosophiques et scientifiques. les écrivains et les penseurs du 17e et du 18e siècles firent des efforts louables pour mettre en circulation leurs idées sur les droits inaliénables de l'homme. jean-jacques rousseau, voltaire et montesquieu, qui appartenaient à cette catégorie d'écrivains et de penseurs, sont de grands bienfaiteurs de la société humaine, et on peut dire que les services qu'ils ont rendus à l'humanité ne sont nullement inférieurs à ceux des grands inventeurs et découvreurs.

leur idée fondamentale consistait à dire que l'homme a une série de droits et de libertés naturels et innés qui sont absolument inaliénables et intransférables et auxquels on ne peut renoncer. tous les hommes, qu'ils soient gouvernants ou gouvernés, noirs ou blancs, riches ou pauvres, sont égaux.

le résultat de ce mouvement social et intellectuel se manifesta dabord en angleterre, ensuite aux etats-unis et enfin en france. des révolutions écla-tèrent, des systèmes furent changés et des chartes signées. peu à peu le mouvement pénétra dans dautres pays.

au 19e siècle, de nouvelles idées économiques, sociales et politiques émergèrent dans le domaine des droits de l'homme. de nouveaux développements conduisirent à lapparition du socialisme, à la participation des travailleurs aux profits industriels et au transfert du gouvernement des mains des capitalistes vers les dirigeants travaillistes.

jusqu'à la fin du 19e siècle, toutes les discussions engagées et toutes les mesures prises avaient trait aux droits des employés sur les employeurs. au 20e siècle, la question des droits de la femme fut soulevée, et, pour la première fois en 1948, la déclaration universelle des droits de l'homme des nations unies proclama l'égalité des droits entre l'homme et la femme.

tous les mouvements sociaux qui surgirent depuis le 17e siècle en occident tournaient autour de la liberté et de l'égalité. et étant donné que le mouvement des droits de la femme était le dernier de la série, et que l'histoire du sort de la femme en europe sur le plan de l'égalité et de la liberté était pleine damertume, la déclaration des droits de l'homme des nations unies ne parla que de liberté et d'égalité.

les protagonistes de ce mouvement maintinrent que celui-ci était complémentaire du mouvement des droits de l'homme. ils soutinrent qu'il était insensé de parler de la liberté et des droits de l'homme sans assurer la liberté et l'égalité pour la femme. ils affirmèrent en outre que la principale cause de tous les troubles familiaux tient au fait de la privation de la femme de sa liberté et de l'égalité de ses droits avec l'homme, et qu'une fois qu'on tiendrait compte de cette question, tous les problèmes seraient résolus.

mais ce qui fut oublié dans cette affaire, c'est ce que nous avons considéré comme une question fondamentale concernant le système des droits familiaux, c'est-à-dire la question de savoir si ce système est indépendant ou non des autres systèmes sociaux, et s'il a ou non un critère et une logique différents. lattention a été concentrée seulement sur les principes généraux de la liberté et de l'égalité, et le seul point pris en considération fut celui des droits humains naturels et indéniables, point à partir duquel on a argué que puisque la femme est un être humain, elle a droit à tous les droits dont jouit l'homme.

or, dans certains chapitres de ce livre, nous traiterons pertinemment de la question de savoir de quelles sources sont dérivés les droits naturels. et là, nous verrons que la base de tous les droits naturels est la nature elle-même. ainsi, si l'homme a des droits spécifiques que ne possèdent pas un cheval, un mouton, un poisson ou un oiseau, cela est dû à sa nature et à la façon dont il a été créé. si tous les êtres humains sont égaux en matière de droits naturels, et qu'ils doivent tous vivre librement, c'est parce que cela fait partie de leur création même. les intellectuels qui défendent l'idée de la liberté et de l'égalité comme un droit inné, n'ont que cet argument à lappui de leur thèse. par conséquent en matière de droits familiaux aussi, nous devons être guidés par la nature elle-même.

a présent, voyons pourquoi on na pas accordé lattention due à la question que nous avons soulignée comme fondamentale. est-ce parce qu'il aurait été établi, à la lumière de la connaissance scientifique moderne, que la différence entre l'homme et la femme serait simplement organique, et qu'elle naffecterait pas leurs êtres fondamentaux physiques et spirituels, ni leurs droits et obligations ?

en fait, c'est tout à fait le contraire. en effet il a été établi, à la lumière de la recherche scientifique et des découvertes biologiques et psychologiques, qu'il existe des différences significatives entre les deux sexes. nous allons discuter de cette question dans ce livre et citer les avis des biologistes et des physiologistes à cet égard. il est surprenant que, malgré ce fait, la question fondamentale ait été ignorée. peut-être l'ignorance de cette question vitale est-elle due au développement rapide du mouvement de la libération de la femme. c'est pourquoi, s'il a pu réparer certaines injustices dont la femme faisait l'objet, il a causé dautres injustices, à elle et à la société humaine. nous allons voir, dans divers chapitres de ce livre, que la femme occidentale était privée jusquau début du 20e siècle des droits les plus élémentaires, et que c'est seulement au début de ce siècle que les peuples occidentaux commencèrent à penser à y remédier. et étant donné que le mouvement féminin a fait suite à tous les autres mouvements fondés sur "la liberté" et "l'égalité", on a chargé ces deux mots de la réalisation de tous les miracles, oubliant que l'égalité et la liberté ont trait aux relations entre les êtres humains en tant qu'êtres humains seulement. il ne fait pas de doute que la femme, en tant qu'être humain, est née libre, comme tout autre être humain, et qu'elle a, de ce fait, des droits égaux. mais la femme est un être humain avec certains traits particuliers, tout comme l'homme est un être humain avec certaines autres particularités. les traits de leurs caractères sont différents, et leurs mentalités sont différentes. cette différence n'est le résultat daucun facteur géographique, historique ou social, mais réside dans leur création même. la nature les a faits différents à dessein, et toute mesure prise à l'encontre du dessein de la nature aboutirait à des désastres. de même que nous nous sommes inspirés de la nature pour proclamer la liberté et l'égalité pour les êtres humains, de même nous devons nous guider sur la nature pour décider si les droits de l'homme et de la femme sont d'une même sorte ou de deux sortes différentes, et si la société familiale est, ou non, au moins une société semi-naturelle. la question de savoir si la bisexualité des animaux -dont les êtres humains- est un fait du hasard ou si elle fait partie du plan de la création, mérite quand même d'être posée. de même, il est intéressant de savoir si la différence entre les deux sexes est une différence superficielle et corporelle, ou si, comme le dit alexis carel, chacune des cellules de l'être humain porte un signe sexuel. la logique de la nature innée n'est-elle pas que l'homme et la femme portent chacun un message particulier ? les droits sont-ils d'une même sorte, ou de deux sortes différentes ? la morale et l'éducation sont-elles de deux sortes ou d'une seule et même sorte ? la question doit être posée à propos des peines, des responsabilités et des messages.

le mouvement de libération des femmes na pas accordé lattention nécessaire au fait qu'à côté de l'égalité et de la liberté il y a dautres questions qui se posent. certes, la liberté et l'égalité sont deux points essentiels, mais ils ne sont pas les seuls, ni tout en tout. l'égalité des droits est une chose, mais leur similitude en est une autre. l'égalité des droits de l'homme et de la femme sur le plan de la valeur morale et matérielle est tout à fait différente de l'uniformité et de la similarité de leurs droits. pendant la période de ce mouvement, le concept de l'égalité a été utilisé intentionnellement ou involontairement au sens de similarité, et la quantité a ainsi éclipsé la qualité. on a mis laccent sur le fait que la femme est un être humain, mais on a oublié qu'elle est femme aussi.

en fait, cette négligence n'est pas due à un simple effet de hasard ou de hâte, mais à dautres facteurs aussi ayant trait au désir d'exploiter la femme au nom de la liberté et de l'égalité.

l'un de ces facteurs était lavidité des industriels qui voulaient faire sortir la femme de sa maison pour aller à l'usine, afin d'exploiter sa potentialité économique. aussi ont-ils plaidé pour les droits de la femme, pour son indépendance économique, et pour l'égalité de sa liberté et de ses droits avec ceux de l'homme. mais ce sont eux finalement qui ont obtenu ce qu'ils voulaient vraiment. dans le chapitre ix de son livre "les plaisirs de la philosophie", will durant -après avoir cité certaines théories humiliantes pour les femmes, élaborées par aristote, nietzsche, schopenhauer, et quelques écritures saintes juives, et après avoir rappelé que pendant la révolution française, bien qu'on ait évoqué un peu la liberté de la femme, il n'y eut pratiquement pas de changement dans la condition de celle-ci- écrit que jusqu'à la fin du xixe siècle, aucune loi n'obligeait l'homme à respecter la femme. puis, traitant des causes du changement de la condition féminine au xxe siècle et de la libération de la femme des répercussions de la révolution industrielle, il dit : «les ouvrières touchaient un salaire inférieur à celui des hommes, et les patrons les préféraient aux hommes en raison de la fréquence de la révolte de ceux-ci. il y a un siècle, il était difficile pour les hommes de trouver un emploi en angleterre, alors que les annonces incitaient ceux-ci à envoyer leurs femmes et leurs enfants aux usines. le premier pas franchi dans la voie de la libération de nos grand-mères fut la loi de 1882, en vertu de laquelle les femmes de grande bretagne jouissaient désormais d'un privilège sans précédent, à savoir le droit de garder pour elles-mêmes largent qu'elles gagnaient(1). cette loi éthique chrétienne a été déposée par les patrons à la chambre des communes dans le but dattirer les femmes dangleterre vers les usines. et depuis cette date-là, jusqu'à nos jours, le désir irrésistible du gain a conduit les femmes à se libérer des corvées de la maison pour être asservies dans le magasin ou l'usine...»(2)

avec le développement de la machine et la croissance contiuelle de la production, il est devenu nécessaire pour les capitalistes d'employer tous les moyens audiovisuels, intellectuels, émotionnels, artistiques et sexuels, afin de transformer l'homme en un consommateur sans volonté et de lui imposer le surplus de leur production. là encore les capitalistes avaient besoin de se servir de la femme pour atteindre leur but, mais cette fois-ci ils n'eurent pas besoin des efforts physiques et de l'énergie productrice de la femme en tant qu'un simple travailleur aidant l'homme à la production, mais de la beauté de la femme, de son charme de son attirance et de sa séduisance afin d'inciter les gens à la consommation, obligeant ou persuadant ainsi la femme de vendre son honneur et sa dignité et de devenir un simple objet de consommation. evidemment tout ceci se faisait au nom de la liberté de la femme et de son égalité avec l'homme.

les hommes politiques aussi n'ont pas manqué d'utiliser ce facteur pour arriver à leurs fins. aussi voit-on les femmes régulièrement dans les reportages des journaux et des revues.

evidemment les jeunes du xxe siècle n'ont pas raté cette occasion inespérée. afin d'obtenir une femme sans assumer toutes les responsabilités conventionnelles que leur lien avec elle entraîne normalement, et pour pouvoir satisfaire leurs besoins sexuels librement, ils ont plus que tous autres versé des larmes de crocodiles sur les malheurs de la femme et sur la discrimination qu'elle subirait par rapport à l'homme. et pour pouvoir mieux contribuer à cette "cause sacrée", ils sont allés jusqu'à retarder leur mariage jusqu'à l'âge de 40 ans, voire même jusqu'à rester célibataires pour toujours !

il ne fait pas de doute que le siècle courant a corrigé de nombreux torts faits à la femme, mais il lui a aussi apporté beaucoup de malheurs. est-elle donc condamnée à subir fatalement l'une ou lautre sorte de ces malheurs, les anciens et les nouveaux ? ou bien ne peut-elle pas se défaire aussi bien de ses malheurs anciens que de ses nouveaux malheurs ?

en fait, il n'est pas du tout fatal qu'elle doive continuer à souffrir. elle a souffert dans le passé parce qu'on avait oublié qu'elle était un être humain. elle continue de souffrir maintenant, parce que son tempérament de femme, ses exigences innées et ses capacités particulières ont été ignorés, volontairement ou involontairement.

ce qui est surprenant, c'est le fait que chaque fois qu'on évoque les différences naturelles et innées entre l'homme et les femmes, certains présument que ces différences seraient le signe de l'imperfection de la femme et de la perfection de l'homme, ce qui les conduit à croire que les hommes jouissent de certains privilèges dont seraient privées les femmes. ils ne savent pas qu'il ne sagit pas de perfection et d'imperfection. il n'était nullement dans l'intention du créateur de rendre les uns parfaits et privilégiés, les autres défectueux et démunis. ces gens, qui fondent leurs arguments sur cette présomption étonnante, affirment qu'étant donné que la nature a été injuste envers la femme, nous ne devrions pas ajouter l'insulte au tort qui lui a été fait, et qu'il est donc plus humain d'ignorer sa qualité de femme. mais en réalité c'est l'irrespect de la position naturelle de la femme qui conduit le plus souvent à la priver de ses droits. si les hommes constituaient un front contre les femmes et qu'ils disent : «etant donné que nous sommes égaux, notre travail, nos responsabilités, nos salaires et nos rétributions devraient être similaires. vous devez partager avec nous les travaux durs que nous effectuons, toucher un salaire correspondant au volume de travail que vous aurez effectué, et vous ne devez attendre de nous aucune considération, aucun respect et aucune protection. supportez vos propres dépenses, partagez avec nous les frais d'entretien des enfants, et débrouillez-vous pour vous défendre contre tous les dangers. vous devez dépenser pour nous autant que nous dépenserions pour vous.»